La Croix, la Croix !


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Catégorie : Encouragements spirituels

Auteur : Mark Mallett

Nombre de consultations : 936

L'une des plus grandes questions auxquelles j'ai été confronté au cours de mon cheminement personnel avec Dieu est celle de savoir pourquoi je semble changer si peu ? « Seigneur, je prie et récite le chapelet tous les jours, je vais à la messe, me confesse régulièrement et m'adonne assidûment à mon ministère. Pourquoi suis-je dès lors toujours coincé dans ces mêmes vieux schémas et défauts qui me blessent ainsi que ceux que j'aime le plus ? » La réponse a fini par me venir, avec une telle évidence :

La Croix, la Croix !

Mais qu'est-ce que "la Croix" ?

La vraie Croix

Nous avons tendance à immédiatement assimiler la Croix à la souffrance. « Prendre ma croix » signifierait inévitablement qu'il me faille souffrir d'une manière ou d'une autre. Mais ce n'est vraiment pas cela la Croix. Il s'agit plutôt de s'anéantir complètement dans l'amour de l'autre. Pour Jésus, cela signifiait littéralement souffrir jusqu'à la mort, car telles étaient la nature et la nécessité de Sa mission personnelle. Mais peu d'entre nous sont appelés à souffrir et à mourir d'une mort violente pour autrui ; ce n'est pas notre mission personnelle. Ainsi donc, quand Jésus nous dit de prendre notre Croix, nous devons y chercher un sens plus profond, et le voici :

Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

Jean 13: 34

La vie, la Passion et la mort de Jésus nous offrent un nouveau modèle à suivre :

Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus... Il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur... il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, et la mort sur une croix.

Philipiens 2: 5-8

Saint Paul souligne l'esprit de ce modèle quand il dit que Jésus s'abaissa jusqu'à prendre la condition d'un serviteur — ajoutant que, pour Jésus, cela impliquait « la mort. » Nous devons imiter l'esprit, pas nécessairement la mort physique (à moins que Dieu ne nous accorde le don du martyre). Ainsi, prendre sa croix signifie "s'aimer les uns les autres", et par Ses paroles et Son exemple, Jésus nous a montré comment :

Celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux... En effet, le plus petit d'entre vous tous, c'est celui-là qui est le plus grand.

Mt 18: 4 ; Luc 9: 48

Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.

Mt 20: 26-28

Le Mont du Calvaire... pas uniquement le Thabor

La raison pour laquelle, je pense, beaucoup de ceux — y compris moi-même — qui prient, assistent régulièrement à la messe, adorent Jésus dans le Saint Sacrement, participent à des conférences, des retraites ou des pèlerinages, offrent des chapelets et des neuvaines, etc... ne grandissent pas en vertu, est que nous n'avons pas vraiment pris notre Croix. Le Mont Thabor (La Transfiguration, ndt) n'est pas le Mont du Calvaire (La Crucifixion, ndt). Le Thabor ne fut que préparation à la Croix. De même, lorsque nous recherchons des grâces spirituelles, elles ne doivent pas être une fin en soi (imaginez que Jésus ait préféré rester sur le Mont Thabor !!). Nous devons toujours avoir à coeur le bien et le salut des autres, au risque de retarder notre croissance dans le Seigneur, ou pire, la réduire à néant.

La Croix ne consiste pas à accomplir toutes ces dévotions, certes nécessaires, quand bien même nous aurions l'impression de faire quelque chose d'héroïque. Au contraire, nous la trouvons lorsque nous nous mettons véritablement au service de notre conjoint ou de nos enfants, de nos collègues de travail, de nos frères et soeurs dans la foi, ou de nos communautés. Notre foi catholique ne peut pas se réduire à une sorte de moyen de perfectionnement personnel ou d'apaisement pour nos consciences troublées, ou simplement à une béquille pour notre vie. Bien sûr, Dieu nous répond fidèlement dans chacune de ces quêtes ; Il nous accorde assurément Sa miséricorde et Sa paix, Son amour et Son pardon chaque fois que nous les recherchons. Il subvient à nos besoins autant qu'Il le peut, parce qu'Il nous aime — tout comme une mère nourrit son bébé qui pleure, quand bien même le petit enfant n'a que sa faim en tête.

Mais si elle est une bonne mère, elle finira par sevrer l'enfant et, une fois plus grand, lui apprendra à aimer ses frères et soeurs et son prochain et à partager avec ceux qui ont faim. De la même façon, même si nous cherchons Dieu dans la prière et qu'Il nous nourrit de Sa grâce, comme une bonne mère, Il nous dit :

Calme, calme, La Croix, la Croix ! Imite Jésus. Fais-toi petit enfant, fais-toi serviteur de tes frères. C'est le seul Chemin qui mène à la Résurrection.

Si vous luttez continuellement contre votre tempérament, contre vos désirs déréglés, contre votre tendance compulsive, contre votre esprit matérialiste ou quelque autre addiction, le seul moyen de vaincre ces vices est de suivre le chemin de la Croix. Vous pouvez passer toute la journée à adorer Jésus dans le Saint Sacrement, mais cela ne changera pas grand-chose si vous passez vos soirées à vous servir vous-même. Sainte Térésa de Calcutta disait un jour : « Le temps que passent mes soeurs devant le Saint Sacrement leur permet de travailler des heures et des heures au service des pauvres. » Nos prières et nos efforts spirituels n'ont jamais pour but de nous transformer nous seuls, mais doivent aussi nous disposer pour les « oeuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance pour que nous les pratiquions. » [1]

La façon juste de prier est un processus de purification intérieure qui nous rend capables de Dieu et de la sorte capables aussi des hommes... De cette façon se réalisent en nous les purifications grâce auxquelles nous devenons capables de Dieu et aptes au service des hommes. Ainsi, nous devenons capables de la grande espérance et nous devenons ministres de l'espérance pour les autres.

—Pape Benoît XVI, Spe Salvi (Sauvé dans l'espérance), n° 33, 34

Jésus en moi

Cela ne concerne jamais uniquement « Jésus et moi », mais Jésus vivant en moi, ce qui nécessite une véritable mort à soi-même. Cette mort survient précisément quand nous acceptons de nous laisser attacher à la Croix et transpercer par les clous de l'Amour et du Service. Et lorsque je le fais, lorsque je descends dans cette "mort", alors une vraie Résurrection commence en moi. Alors la joie et la paix commencent à s'épanouir comme les lis des champs ; alors la douceur, la patience et la maîtrise de soi commencent à former les parois d'une nouvelle construction, d'un nouveau temple, que je suis.

Pour que l'eau puisse devenir chaude, le froid doit y être anéanti. Pour que le bois devienne feu, la nature du bois doit être anéantie. La vie à laquelle nous aspirons ne peut être trouvée en nous, elle ne peut devenir notre être même, nous ne pouvons devenir cette vie, à moins que nous l'acquérions en cessant d'abord d'être ce que nous sommes ; nous acquérons cette vie à travers la mort.

—Père John Tauler (1361), prêtre dominicain et théologien allemand ; extrait des Sermons et Conférences de John Tauler

Ainsi donc, si vous avez débuté cette nouvelle année sans être parvenu à vous débarrasser de certaines mauvaises habitudes très enracinées, si vous luttez toujours contre les mêmes péchés de la chair tout comme ceux que j'ai moi-même à combattre, vous et moi devons nous demander si nous prenons réellement chaque jour notre Croix, laquelle consiste à marcher dans les pas du Christ en nous anéantissant dans l'humilité et en nous faisant serviteurs de ceux qui nous entourent. C'est le seul chemin que Jésus nous a tracé, le seul modèle qui, si nous le suivons, nous mènera à la Résurrection.

C'est le seul Chemin qui, dans la Vérité, mène à la Vie.

Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.

Jean 12: 24

Aimer et servir les autres implique un sacrifice, qui est une forme de souffrance. Mais c'est précisément ces souffrances qui, unies au Christ, produisent le fruit de la grâce.

Mark Mallett
« The Cross, the Cross! »


[1] Ep. 2: 10

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Commentaire laissé par Peyo brebis le

Comme le Christ est sans péché, en portant sa croix, il a porté nos péchés.
« Porter notre croix » ne voudrait-il pas dire « porter nos propres péchés » ?
Porter nos propres péchés serait une façon de soulager la croix du Christ.

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