L'élection du Pape François était-elle invalide ?


Commentaires (6)

Catégorie : Église et papauté

Auteur : Mark Mallett

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Un groupe de cardinaux connu sous le nom de « mafia de Saint-Gall » a apparemment voulu que Jorge Bergoglio soit élu pour faire avancer leur programme moderniste. L'information concernant ce groupe a émergé il y a quelques années et a conduit certains à continuer de prétendre que l'élection du Pape François est, par conséquent, invalide.

Première publication le 26 novembre 2018. Relu et actualisé.

Dix réponses à cette allégation

1. Pas un seul cardinal "conservateur", y compris les cardinaux Francis Arinze, Robert Sarah [1], ou Raymond Burke, [2] n'a même insinué que le Conclave fut invalide du fait de l'ingérence d'un tel groupe. Au contraire, ils ont réaffirmé leur allégeance au Pape François malgré tous les différends qu'ils peuvent avoir.

2. Le Pape Émérite Benoît XVI, plus que quiconque, interviendrait certainement d'une manière ou d'une autre s'il soupçonnait lui aussi qu'un antipape avait pris sa place. Mais il a toujours réaffirmé sa solidarité avec François et la validité absolue de sa démission. [3]

Il n'y a pas le moindre doute quant à la validité de ma renonciation au ministère pétrinien. La seule condition à la validité de ma renonciation est la pleine liberté au moment de ma décision. Les spéculations sur sa validité sont tout simplement absurdes... [Mon] seul et unique objectif [est] de soutenir le pontificat du [Pape François] par la prière.

— Pape émérite Benoît XVI, Cité du Vatican, 26 février 2014; Zenit.org

Et encore une fois, dans la récente autobiographie de Benoît XVI, l'intervieweur du Pape, Peter Seewald, demande explicitement à l'évêque de Rome à la retraite s'il fut victime de « chantage et de conspirations ».

C'est un total non-sens. Non, c'est en fait une affaire simple... personne n'a cherché à me faire chanter... Si on avait essayé de le faire, je serais resté parce qu'il ne faut pas partir sous la pression. Et il n'est pas vrai non plus que j'aurais renoncé à ma charge en cédant à un chantage quelconque. En effet, Dieu merci, j'étais dans l'état d'esprit paisible de celui qui a surmonté la difficulté. L'état d'esprit de celui qui peut, tranquillement passer le gouvernail à celui qui vient après.

Benoît XVI, Dernières conversations: avec Peter Seewald (éditions fayard) ; traduction depuis l'anglais (Bloomsbury Publishing) ; p. 24 ; lire Les « dernières conversations » de Benoît XVI

Certains ont tellement l'intention de détrôner François qu'ils sont prêts à suggérer que le Pape Benoît XVI est simplement en train de mentir ici — un prisonnier en quelque sorte du Vatican. Ils pensent que, plutôt que de donner sa vie pour la vérité et l'Église du Christ, Benoît XVI préférerait soit sauver sa peau, soit, au mieux, protéger un secret qui ferait bien plus de dégâts. Mais si tel était le cas, le vieux pape émérite serait dans un grave état de péché, non seulement pour avoir menti, mais pour avoir soutenu publiquement un homme qu'il saurait être un antipape. Au contraire, le Pape Benoît XVI a été très clair lors de sa dernière audience générale lorsqu'il a démissionné de ses fonctions :

Je ne porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de l'Église, mais dans le service de la prière, je reste, pour ainsi dire, dans l'enceinte de saint Pierre.

— 27 février 2013 ; vatican.va

3. Les cardinaux qui participent à un conclave prêtent serment de discrétion sous peine d'excommunication. Personne ne sait ce qu'il s'y est passé (ou du moins personne ne le devrait). Aussi, le fait de prétendre que certaines personnes de l'extérieur puissent détenir des informations "de première main" selon lesquelles le conclave aurait enfreint les règles n'est, à mon sens, rien d'autre que de la spéculation imprudente.

4. Cela importerait peu que le diable lui-même puisse avoir proposé Jorge Bergoglio comme "son candidat". Une fois que le nouveau pontife a été élevé à la charge pétrinienne, lui seul détient les clés du Royaume et tombe sous les promesses que le Christ a faites à Pierre. Autrement dit, le Christ est plus fort que Satan et peut faire en sorte que tout concoure au bien de Son Église. Rien n'est impossible à Dieu — malgré les éventuels "caprices personnels" de tel ou tel pape.

5. La rumeur selon laquelle le "groupe de Saint-Gall", ou "mafia" (tels que se nommaient certains de ses membres) aurait fait pression pour faire élire François d'une manière illégale avant le conclave, fut clarifiée par les biographes du Cardinal Godfried Danneels (l'un des anciens membres du groupe) qui avait initialement insinué cela. En réalité, ont-ils déclaré, « l'élection de Bergoglio correspondait au but poursuivi par Saint-Gall, ça ne fait aucun doute. Et les grandes lignes de son programme sont celles dont Danneels et ses confrères discutaient depuis plus de dix ans. » [4] (Il ne fait pas l'ombre d'un doute que de nombreux cardinaux ont estimé que l'élection de Jean-Paul II ou de Benoît XVI correspondait également à leurs objectifs). Le groupe de Saint-Gall a apparemment été dissous après le conclave de 2005 qui a élu le Cardinal Joseph Ratzinger à la papauté. Bien que ce groupe était apparemment connu pour s'opposer à l'élection de Ratzinger, le Cardinal Danneels a par la suite rendu publiquement hommage au Pape Benoît XVI dont il a salué la compétence en matière de théologie et le service rendu à l'Église. [5]

6. Il est extrêmement dangereux pour des catholiques de semer ce genre de doute sur la légitimité de la papauté. Ce serait une chose pour les cardinaux eux-mêmes d'élever la voix pour avertir les fidèles que l'élection n'est pas valide, ce qui serait leur devoir… il en est une autre pour des laïcs ou religieux de propager ce genre d'allégations, qui ne peuvent que nuire à l'unité de l'Église et ébranler la confiance de ceux qui sont faibles dans la foi. « Ne mets rien devant ton frère si cela risque de le faire trébucher. », a exhorté saint Paul (Rm 14: 13-23).

7. Même si ce petit groupe souhaitait l'élection de Bergoglio, 115 cardinaux ont voté ce jour-là, dépassant de loin le nombre de ceux qui avaient constitué cette « mafia » informelle. Suggérer que ces autres cardinaux furent, de façon malheureuse, influencés tels des enfants impressionnables incapables d'avoir leurs propres opinions personnelles, est une insulte à leur intelligence et un jugement envers leur fidélité au Christ et à Son Église.

8. Si le groupe de Saint-Gall voulait un réformateur, il est probable qu'ils soient aujourd'hui déçus de constater que le Pape François ait jusqu'à ce jour fidèlement transmis la doctrine morale de l'Église (lire L'enseignement du Pape François). En fait, comme je l'ai souligné dans Les cinq corrections, le Pape François n'a pas mâché ses mots en parlant de ceux ayant la mentalité des membres du groupe de Saint-Gall, les qualifiant de « libéraux » et « progressistes », en ajoutant :

Le Pape, dans ce contexte, n'est pas le seigneur suprême mais plutôt le suprême serviteur — le « serviteur des serviteurs de Dieu »; le garant de l'obéissance et de la conformité de l'Eglise à la volonté de Dieu, à l'Evangile du Christ et à la Tradition de l'Eglise, en mettant de côté tout arbitraire personnel, tout en étant — par la volonté du Christ lui-même — le « Pasteur et Docteur suprême de tous les fidèles » et bien que possédant « dans l'Eglise le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel. »

— PAPE FRANCOIS, discours à la 15è Congrégation Générale, salle du Synode, 18 octobre 2014, Vatican.va

C'est-à-dire que leur prétendu "complot" a apparemment échoué pour ce qui concerne toutes les "réformes" significatives — bien qu'un programme contraire à l'Évangile tente clairement de s'imposer, comme l'ont révélé jusqu'ici [trois] synodes. Cela ne veut pas dire que l'approche pastorale de François n'est pas sujette à controverse ou ne justifie pas certaines critiques légitimes. Ce qui est vrai, c'est que les loups qui ont un programme libéral sont en train de sortir des bois, ce qui, à mon avis, est une bonne chose. Il vaut mieux, pour nous, de savoir qui sont les loups, que, pour eux, de continuer à agir dans l'ombre, sous le couvert des bois de la bureaucratie.

9. En tant que chrétiens, notre foi ne nous autorise pas à agir comme si François occupait une position politique dans l'Église. Sa fonction et son élection sont d'ordre divin et, par conséquent, le Christ lui-même reste le gouverneur en chef et le bâtisseur de Son Église. C'est là un signe de piètre connaissance de la religion chrétienne ou d'un manque de foi lorsque nous agissons comme si Jésus-Christ était soudainement impuissant face à la direction prise par la Barque de Pierre. Comme je l'ai déjà dit, le Seigneur pourrait très bien rappeler François cette nuit même ou lui apparaître dans une vision — s'Il estimait que cet homme était sur le point de détruire les fondements mêmes de l'Église. Cependant, aucun homme ne sera jamais autorisé à le faire. Même les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église. Une fois que le successeur de Pierre détient les clés du Royaume, il devient lui aussi un "rocher", agissant au nom de Saint Pierre — en dépit des faiblesses et de la nature pécheresse de l'homme exerçant cette fonction.

Le Pierre post-Pentecôte… est ce même Pierre qui, par crainte des Juifs, a contredit sa liberté chrétienne (Galates 2 11-14) ; il est à la fois un rocher et une pierre d'achoppement. Et cela n'a-t-il pas été ainsi à travers toute l'histoire de l'Église que le Pape, successeur de Pierre, a été à la fois Petra et Skandalon — à la fois le rocher de Dieu et une pierre d'achoppement ?

— PAPE BENOIT XVI, de Das neue Volk Gottes, p. 80ff

10. Comme le souligne l'apologète Tim Staples au sujet de telles suspicions injustifiées, « une fois que la colère éclate contre le Pape, vous rencontrez inévitablement des personnes qui se joignent à la mêlée pour analyser chaque geste et parole du Saint Père (ou de toute autre "cible") avec un objectif unique en tête : démasquer le mal et protéger le peuple de Dieu de ce mal associé à l'enseignement du Pape François. Et cela devient pour le moins extrêmement malsain. » [6] J'appelle cela une « herméneutique de la suspicion », qui tend à considérer tout ce que fait le Pape comme de la sournoiserie ou de la duplicité, ou à voir un double langage dans chacune de ses paroles.

Ainsi, qu'il agisse ou n'agisse pas, qu'il parle ou ne parle pas, il sera toujours coupable... et Satan commence à remporter une victoire extraordinaire, lorsqu'est affaibli et miné le « signe perpétuel d'unité » qu'est la papauté, et qu'au sein du peuple de Dieu l'on commence à s'entre-dévorer — les brebis n'agissant à leur tour pas autrement que des loups.

Mark Mallett
Was Pope Francis' Election Invalid ?


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Commentaire laissé par Philippe le

Bonjour Théo,

Je ne pense pas que François soit informé du contenu de ces injections comme la plupart d'entre nous. Il n'a pas le temps de passer ses journées sur Internet pour faire ses propres recherches et se fie donc à ses conseillers, parmi lesquels se trouvent nombre de Judas. N'oublions pas que la fumée de Satan est très présente aujourd'hui au Vatican et que tout est fait pour cacher au Saint Père la réalité de l'agenda communiste et mondialiste. Je pense que François sait beaucoup d'autres choses (d'un point de vue spirituel) par contre (que nous ignorons) et donc plutot que de le critiquer nous devons prier pour lui, pour qu'il conduise fidèlement la Barque de Pierre et que l'Esprit Saint le guide et l'éclaire.

D'autre part, vous n'ignorez pas que le Christ veut purifier notre monde et surtout Son Eglise (lire Le jugement commence par la famille de Dieu). Il veut tout nous retirer, nous conduire au désert, pour que nous ne comptions plus que sur Lui (voir la prophétie de Ralph Martin ainsi que la Prophétie d'Isaïe au sujet du communisme mondial)

Il n'est donc pas étonnant que le Christ se serve de la pastorale de François (et même l'agenda communiste) pour parvenir à cette fin. Je ne dis pas que la pastorale de François est irréprochable et que Dieu l'approuve intégralement, loin de là mais Dieu s'en sert pour purifier son Eglise. C'est cela que nous devons bien comprendre, car si nous nous opposons à cette purification nous nous opposons à la volonté de Dieu. Faisons preuve de sagesse et cherchons à voir en permanence la Main de Dieu derrière ces événements pénibles et douloureux, certes, mais aussi nécessaires que le sont les douleurs de l'enfantement qui précèdent la future naissance.

Prions plutot, restons dans la paix, et méditons pour que l'Esprit Saint nous éclaire et nous aide à comprendre pourquoi Dieu permet tout ce qui se passe en ce moment dans le monde et dans son Eglise, qu'est-ce qu'il vise à terme, rendons-lui grâce ! Ne paniquons pas si la Barque de Pierre prend l'eau de toutes parts, croyons que Jésus est à bord et a tout son controle. Il attend par contre de nous que nous grandissions dans la foi et lui fassions confiance sans récriminer ni paniquer.

Philippe

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