Entretien avec Michael O'Brien sur les signes des temps


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Catégorie : Réflexions sur les signes des temps

Auteur : Michael O'Brien

Nombre de consultations : 1.311

Dans tout ce qui est sur le point de se passer, nous devons garder les yeux de notre coeur sur le véritable horizon. Ayez confiance en la victoire prochaine. Ayez confiance ! Plus que tout, ayez confiance !

Priez et jeûnez pour la conversion des âmes et pour que notre propre conversion soit toujours plus profonde. De cette manière, par la prière et la vie sacramentelle, nous grandirons dans une union toujours plus intime avec le Seigneur ressuscité, qui est avec nous jusqu'à la fin des temps et nous guidera à travers toutes les tribulations.

Priez avec ferveur pour vos prêtres, vos évêques et le Pape. Il nous faut aimer l'Église d'un amour indéfectible, dans sa beauté et dans ses humiliations. Prenez conscience de sa profonde identité d'Épouse — l'Épouse que Dieu prépare pour la rencontre avec l'Époux.

Illustration : Le Martyre par Michael D. O'Brien

Traduction Pierre et les Loups (source : archives)

Commentaire de l'artiste : Cette oeuvre symbolique représente un bateau agité par une tempête sur une mer de sang. Cependant, le Christ est présent aux côtés de Ses enfants souffrant et, sur les montagnes au-dessus, la Sainte Vierge intercède pour nous. Le vaillant petit cavalier tient une croix dans une main, et une épée dans l'autre, ne réalisant pas encore que dans la profondeur du martyre, nous devons abandonner toutes nos armes et nous cramponner à la foi seule. Le Christ est notre Sauveur.

Entretien avec Michael D. O'Brien — Libros Libres, Barcelone, Espagne, décembre 2015

  1. Pourquoi avez-vous écrit cette suite du "Père Elijah (*)" tant d'années après le premier roman ? Aviez-vous pensé dès le début à faire une suite, ou y a-t-il une raison de l'avoir écrite aujourd'hui ?
    (*) note du traducteur : ci-dessous j'écrirai "Élie" qui est la traduction correcte du prénom Elijah, bien que pour une raison qui m'échappe le traducteur ait conservé dans l'édition française du roman le prénom anglais d'Elijah (qui se prononce
    I•LAÏ•DJAA et non pas ÉLIJA).

O'Brien : Bien que mes lecteurs m'aient souvent suggéré la possibilité d'écrire une suite, j'ai rejeté l'idée pendant de nombreuses années. Cependant, au cours des dernières années, des images et scènes dramatiques ont surgi dans mon imagination, me suppliant de mettre par écrit la suite de cette histoire. Alors j'ai prié et laissé le temps passer jusqu'à ce qu'il devienne un jour évident que le moment était venu d'écrire ce livre.

La guerre entre le bien et le mal s'est intensifiée et complexifiée depuis l'époque où j'avais écrit Le Père Élie – une apocalypse. Nous vivons aujourd'hui une époque d'apostasie et d'abandon massif de la vraie foi, la dégénérescence d'une civilisation occidentale autrefois chrétienne, avec l'assaut inévitable contre la liberté de religion. Ceci est substantiellement différent de la situation que connaissait l'Église primitive, qui était en grande partie composée de peuples ayant connu les ténèbres et aspirant à la lumière ; ils vivaient dans un monde qui peinait à s'extraire du paganisme. De nos jours, les chrétiens apostats ont connu cette lumière et choisissent néanmoins de retomber dans les ténèbres d'une nouvelle forme de paganisme, qu'ils estiment être plus "compatissante" que le dessein de Dieu pour l'humanité — plus "tolérante" que l'Esprit et la Vérité qui mènent à la vie.

  1. Votre principale oeuvre en tant qu'écrivain a été la série « Les Enfants des Derniers Jours ». Pensez-vous que notre génération soit celle des « Derniers jours » ?

O'Brien : Je pense que oui, bien que je serais heureux de me tromper. De nos jours, des signes apocalyptiques sans précédent émergent tout autour de nous. Certes, il y a eu quelques événements apocalyptiques au cours de notre histoire, mais ils furent d'une magnitude et d'une nature moins intenses que ceux auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés. Je garde en permanence à l'esprit l'avertissement du Seigneur qui nous demande de « rester éveillés et de veiller en tout temps », un avertissement qui s'applique à toutes les générations. Nous savons qu'il arrivera un moment où une génération en particulier sera mise à l'épreuve d'une manière radicale et absolue, une persécution mondiale de tous ceux qui suivent Jésus. La génération la moins éveillée, qui s'est laissé anesthésier par le péché et l'erreur, droguée par les plaisirs et le mensonge, sera celle-là même sur laquelle fondra l'Antéchrist. Mon objectif en écrivant ces récits de fiction est de tenter d'examiner les questions apocalyptiques et de poser la question suivante à ma propre génération : « Sommes-nous éveillés ? » ; et une autre tout aussi importante : « Serions-nous spirituellement préparés, si notre époque était celle annoncée par les prophètes et par Jésus lui-même ? »

  1. Comment concevez-vous ces Derniers jours ? Sont-ils différents de la Fin du Monde ?

O'Brien : L'ensemble de l'ère ayant suivi la Résurrection du Christ est celle des Derniers jours, et il ne reste qu'une ultime bataille à mener. « Mes enfants, c'est la dernière heure », nous dit Saint Jean (1 Jean: 2: 18), et dans une traduction française alternative, « Petits enfants, ce sont les derniers jours ». Pourtant, l'époque de l'Antichrist et de son Faux Prophète ne sera pas encore la fin ultime, ce ne sera pas encore la fin du monde. D'après la Sainte Écriture, il sera accordé au monde un certain temps de paix (cf. aussi les promesses de Notre Dame de Fatima, ndtr) après la chute de l'Antéchrist — « mille ans de paix » (cf. Ap 19 et 20). Mais il ne faut pas confondre cette période avec une période de mille ans au sens littéral du terme. En langage biblique, cela représente une période de temps prolongée.

  1. Quelle est votre opinion par rapport au millénarisme ?

O'Brien : Ce n'est pas seulement une grave erreur de jugement et une mauvaise lecture des Écritures, c'est une hérésie condamnée par l'Église, y compris sous sa forme mitigée (cf. Catéchisme de l'Église catholique, n° 676). Sous ses différentes formes, le millénarisme suggère une période littérale de mille ans au cours de laquelle le christianisme s'épanouira sous la forme d'un royaume universel, parfois imaginé comme un royaume sur terre de délices matérialistes. Ce concept est très superficiel. L'ère de paix qui suivra le règne de l'Antéchrist sera eucharistique et mariale, dans un monde qui aura été humilié par des châtiments et par la persécution, où l'Église aura été purifiée et renforcée à travers diverses épreuves, et où l'humanité [redevenue croyante] vivra d'une manière beaucoup plus simple et fidèle, telle qu'elle n'aura jamais vécue depuis le commencement.

  1. Pourquoi pensez-vous qu'il soit aujourd'hui nécessaire que les chrétiens réfléchissent à la question des Derniers jours, même si ceux-ci devaient être encore très loin ?

O'Brien : Pour le dire simplement, parce que Notre Seigneur Jésus a exhorté, dans les évangiles, chaque génération à faire preuve de vigilance. Et dans l'Apocalypse de Saint Jean, le Seigneur ressuscité continue de nous avertir par rapport aux dangers futurs que représenteront les ultimes tribulations qui s'abattront sur l'Église et sur l'humanité tout entière. Nous évitons trop facilement la question quand nous nous contentons de considérer l'Apocalypse comme un méga mythe se trouvant à une distance suffisamment éloignée dans l'avenir pour ne pas avoir à nous en inquiéter. Il se peut que Dieu, dans Sa miséricorde, nous accorde plus de temps, mais nous ne pouvons pas présumer de cela. Le Christ nous a exhortés à être toujours prêts. « Ce jour et cette heure-là, nul ne les connaît... » (Mt 24: 36)

  1. Dans les romans du Père Élie, l'Antéchrist est un être humain. Mais il y a certaines personnes qui pensent que l'Antéchrist pourrait être une idéologie ou un pouvoir séculier. Même l'islam a été considéré comme un Antichrist. Quel est votre opinion ?

O'Brien : Réduire l'Antéchrist à une idéologie ou à une configuration politique est une simplification qui nous rend plus vulnérables et susceptibles de nous laisser tromper. Oui, bien sûr, les diverses manifestations du mal de nos jours proviennent de l'esprit de l'Antéchrist, qui est dans le monde depuis le commencement. L'apôtre Saint Jean écrit : « Il y a beaucoup d'anti-Christs » (1 Jean 2: 18) ; et « Le menteur n'est-il pas celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l'anti-Christ qui renie à la fois le Père et le Fils » (1 Jean 2: 22-23). Cependant, il est très clairement dit dans les Écritures qu'à un moment de l'histoire, lorsque l'ultime Antéchrist se sera levé et aura pris le contrôle du monde, il sera une personne bien réelle, « l'Homme de péché, le Fils de la perdition ». Nombre des principales forces à l'oeuvre dans le monde aujourd'hui joueront probablement un rôle crucial dans son ascension au pouvoir. Ils y parviendront au moyen d'une déstabilisation accrue de la civilisation, créant les conditions extérieures (ébranlement de l'ensemble du cosmos, cf Lc 21: 25-26) et psychologiques requises pour que les hommes deviennent réceptifs à l'avènement d'un nouveau "messie" (Sauveur, ndtr). Cela s'accomplira grâce à de multiples et subtiles combinaisons d'érosion et d'attaques frontales — en séduisant l'humanité par le mensonge, la flatterie et la propagande incessante, et par une implacable révolution sociale qui cherchera à démanteler les fondements moraux de l'Occident. L'islam militant y jouera certainement un rôle, tout comme sans doute les actions géopolitiques de la Chine et de la Russie, mais je dirais avec insistance que c'est l'apostasie de l'Occident autrefois chrétien qui a ouvert les portes à ces fléaux radicaux.

  1. A première vue, penser aux Derniers jours devrait nous rendre « pessimistes ». Mais vos oeuvres donnent un message plein d'espérance. Est-ce contradictoire ?

O'Brien : Ni le pessimisme ni un optimisme superficiel ne représentent une façon chrétienne de considérer l'histoire. L'espérance authentique réside dans un total réalisme. Mais ce genre de réalisme exige du courage, si nous acceptons de voir les choses telles qu'elles sont.

Dans mes romans, même lorsque les personnages fictifs traversent des expériences très sombres, je souligne toujours la présence du Christ et de la Providence divine, qui nous accompagnent lorsque nous portons notre croix, voire même parfois quand nous y sommes crucifiés. Je vise toujours la victoire prochaine du Christ sur toutes les « principautés et puissances » du mal qui agissent aussi bien dans les hautes sphères célestes qu'en ce monde. Cela est conforme à la dimension prophétique des Écritures et aux enseignements de l'Église.

Nous ne devons jamais faire une fausse distinction entre l'appel à l'évangélisation et celui à rester vigilants face aux éléments apocalyptiques de notre siècle. Agir ainsi reviendrait à considérer l'Église comme un homme borgne. En réalité, l'Église quand elle est éveillée doit davantage être comparée à un homme ayant ses deux yeux grands ouverts — ayant une perception en profondeur. Et même cette métaphore est limitée, parce que l'Église en tant que Corps mystique du Christ a été richement dotée d'une multitude de charismes qui nous font bénéficier d'une juste vision (et compréhension du monde et des événements qui y ont cours, ndtr).

  1. Quelles relations y a-t-il entre les deux romans du Père Élie et « Le Maître du Monde » de Robert Hugh Benson ?

O'Brien : J'ai lu le roman apocalyptique de Benson il y a plus de quarante ans. Je ne m'en souviens plus trop aujourd'hui, bien que je croie qu'il a présenté un portrait de l'aveuglement et de la condition spirituelle de l'humanité qui était, à bien des égards, proche de celui dressé dans mon roman. Bien sûr, dans les détails, c'est assez différent, puisque la texture de son récit était conditionnée par le monde tel qu'il était il y a plus d'un siècle.

  1. Quelles sont les différences entre les dystopies chrétiennes (Benson et vous-même) et profanes (Huxley, Orwell) ? Et quels sont les points communs ?

O'Brien : Cette question nécessiterait une réponse de l'épaisseur d'un livre. Cependant, à première vue, les points de rapprochement pourraient être une préoccupation commune face aux sociétés humaines en crise, la perte des libertés fondamentales de l'être humain, les horreurs engendrées par le totalitarisme ou le néo-totalitarisme. Cependant, les dystopies chrétiennes ne se limitent pas à simplement analyser les dynamiques à l'origine de la dégénérescence civilisationnelle. La vision chrétienne prend conscience que les efforts de l'homme pour se sauver par diverses formes de révolutions idéologiques — sociales, culturelles, politiques — échoueront toujours. Il va sans dire que tous les « hommes de bonne volonté » partagent un désir de liberté et de dignité humaine, les athées tout comme les agnostiques et les croyants. Cependant, la « boîte à outils » à laquelle a recours l'homme sans Dieu pour bâtir et maintenir debout une société véritablement humaine, est très inadaptée. Il peut réussir en partie, pour un temps, mais en définitive il échouera, parce qu'il a évacué la grâce de son univers personnel et a, dans son incrédulité, réduit l'identité de la personne humaine à un concept tragiquement limité.

En raison de sa nature même, la forme politique « intrinsèquement perverse » du messianisme sécularisé (voir Catéchisme de l'Église catholique, n° 675-677) dégénérera en un totalitarisme rampant (au mieux) ou en un totalitarisme ouvertement persécuteur et ennemi de l'homme — bien qu'il agira suivant des principes « humanistes ». Par contraste, le christianisme propose un ordre social basé sur des principes absolus qui préservent la valeur éternelle de l'homme et sa dignité en ce monde — à condition que nous vivions en accord avec ces principes. Une dystopie chrétienne dresse une image dramatique de ce qui peut se produire lorsque ces absolus s'érodent ou sont attaqués ouvertement. Dans le même temps, il indique la voie, parfois seulement implicitement, menant à une restauration authentique.

  1. Quelle est votre relation « personnelle » avec le Père Élie ? Est-il le personnage le plus important de l'ensemble de votre oeuvre ? Quelle part de Michael O'Brien est présente dans la vie et dans la personne du Père Élie ?

O'Brien : Sur l'ensemble de mes douze romans publiés, seuls quatre sont ouvertement dystopiques ou apocalyptiques. Le personnage du Père Élie est la figure la plus importante présente dans mes livres parmi ceux que l'on pourrait qualifier de « fictions d'avertissement ». La raison est qu'il incarne, dans un style fictif, la nature de la mission de l'Église, qui est évangélique et prophétique, et qu'il porte témoignage à la Vérité dans son enseignement et dans sa fidélité pastorale, et dans sa volonté d'accepter le martyre. À l'instar de l'Église, le Père Élie sait qu'il sera un « signe de contradiction », un signe que le monde rejettera.

Quelle part de moi-même est présente dans le personnage du Père Élie ? Je suppose que je lui ressemble beaucoup dans son tempérament, mais pas dans sa vocation ni dans sa mission particulières. Je suis un homme marié, père de six enfants et grand-père de dix petits-enfants, artiste et écrivain. Pourtant, j'espère que, dans l'appel spécifique de mon oeuvre créative, les dimensions du témoignage sont présentes. Je dirais que parmi les nombreux personnages de mes romans, ceux qui me ressemblent le plus sont Josip Lasta dans Island of the World (Une Ile au Coeur du Monde, édition Salvator) et Alex Graham dans The Father's Tale (L'Odyssée du Père, édition Salvator).

  1. Quelle est votre opinion sur l'état actuel du monde ? Ne pensez-vous pas que la situation extrêmement confuse entre les différents pays représente un obstacle pour l'émergence d'un Nouvel Ordre Mondial ? Et quel est le rôle de la « paix » en tant que "mantra" de cet Ordre Mondial, lorsque nous voyons tant d'attaques terroristes et de guerres potentielles dans le monde ?

O'Brien : C'est une excellente question à laquelle je réfléchis continuellement. Le royaume de Satan est divisé en lui-même et pourtant, le « père du mensonge, homicide depuis le commencement », comme le qualifie Jésus, est capable de provoquer des éruptions maléfiques très diverses dans l'intérêt de ses propres desseins à long terme — y compris des affrontements entre forces apparaissant comme opposées, par exemple entre L'État islamique et le matérialisme hédoniste de l'Europe. Il n'y a pas de contradiction ici, car le diable peut manipuler ces désordres pour provoquer l'effondrement de toutes les forces de résistance opposées à ses projets.

Mon sentiment est qu'à mesure que la situation dans le monde dégénère dans la violence et l'insécurité, les peuples aspireront de plus en plus à ce qu'on leur propose une solution ultime au chaos qui frappe l'humanité. Le moment sera alors venu pour que l'Antéchrist (qui, depuis des siècles, aura lui-même, par son esprit et ses « agents humains », provoqué ce chaos, ndtr) arrive sur la scène mondiale, offrant aux hommes la « paix » et la « sécurité ». (Qui, mieux que celui ayant déclenché un incendie, peut parvenir ensuite, très aisément, à l'éteindre ... en apparence ?, ndtr) Comme nous le rappellent les Écritures, beaucoup diront « Paix, paix ! » là où il n'y a pas de véritable paix. Il apparaîtra comme une sorte de messie séculier, venant résoudre les problèmes apparemment insolubles de l'humanité. Mais sa paix ne sera pas durable. Ce sera un "ordre" qu'il lui faudra progressivement renforcer par l'oppression et, pour finir, la persécution mondiale de tous ceux qui résisteront à sa volonté.

  1. Pensez-vous que la théorie du genre pourrait représenter l'instrument final du diable dans sa guerre contre Dieu ?

O'Brien : Sans aucun doute, elle joue un rôle majeur dans la confusion croissante et les troubles moraux des sociétés occidentales. Est-ce l'instrument ultime du diable ? Je ne le sais, mais c'est sûrement l'une de ses plus puissantes ruses.

  1. Comment voyez-vous la situation actuelle de l'Église dans le monde ?

O'Brien : L'Église grandit en Afrique et en Asie. En effet, il y a probablement plus de vrais chrétiens dans l'Église clandestine en Chine que dans l'ensemble de l'Amérique du Nord [et de l'Europe]. Les conférences épiscopales en Afrique sont, dans leur ensemble et sans exception, fidèles [au Magistère de l'Église]. En revanche, l'Europe est une catastrophe — érosion, érosion, érosion, avec seulement quelques îlots de fidélité ici et là. Malgré cela, dans chaque pays, nous trouvons des évêques qui nourrissent leurs troupeaux avec dévouement et souvent au prix de grandes souffrances. C'est ainsi que sont formés des saints, que des mouvements d'évangélisation laïcs continuent d'oeuvrer pour le bien et que des jeunes héroïques répondent à l'appel à devenir prêtres ou à entrer dans la vie religieuse. Néanmoins, partout un grand tamisage est en cours, une puissante mise à l'épreuve [pour séparer les brebis des boucs, le bon grain de l'ivraie]. Dans la plupart des pays en Occident, où nous ne sommes pas soumis à une persécution violente, les médias et la culture nous qualifient de structure vieillissante, répressive et en voie de disparition qui doit, soit se conformer au spiritus mundi, soit être marginalisée pour que son influence soit neutralisée.

  1. Pensez-vous que la bataille du récent synode [sur la famille], au cours duquel nous avons vu deux sacrements menacés, ainsi que les joutes post-synodales, sont les manifestations d'une guerre plus transcendante ?

O'Brien : Oui. La nature même de l'Église ainsi que l'ordre moral divin sont assaillis par Satan et par ceux qui sont, à leur insu, ses agents humains, au travers d'attaques extérieures et de trahisons internes. L'adversaire sait que l'Église est la seule présence dans le monde à défendre la vérité intégrale sur le mariage et la famille — et même sur la nature de l'homme et sur sa dignité éternelle. L'Église détient en elle-même la capacité de résister aux projets du diable. Mais si nous ne sommes pas fidèles à notre vocation [et divisés entre nous], qui pourra encore défendre l'humanité ? Comment pourrons-nous encore véritablement savoir qui nous sommes ? Comment nous tiendrons-nous face au Seigneur au Jour du Jugement ?

En même temps, je crois que Dieu tire du bien de toute cette confusion et des maux qui émergent de plus en plus. Il a permis cela pour que nous puissions prendre conscience de la nécessité pour l'Église d'être purifiée et renforcée. Nous devons prier et jeûner pour elle, peut-être plus que nous ne l'avons jamais fait au cours des deux derniers millénaires.

J'ajouterais qu'une conséquence édifiante [de cette confusion] a été l'émergence d'évêques et cardinaux véritablement apostoliques qui se sont mis à défendre la foi pendant le synode et au cours de la période post-synodale. (cf. également le « Manifeste pour la foi » du cardinal Gerhard Müller, ndtr) C'est également un nécessaire rappel que l'Église n'est pas une entité euro-centrique (centrée sur des préoccupations propres à ce que connaissent les peuples d'Europe : par exemple le désir de certains évêques et cardinaux d'adoucir l'enseignement moral de l'Église par rapport à l'homosexualité, ndtr), mais le Corps mystique [et la Lumière] du Christ dans le monde. Je pense qu'il y a une grande beauté dans la manière dont l'Afrique et l'Asie envoient aujourd'hui des missionnaires en Amérique du Nord et en Europe, [où la foi chrétienne est le plus en recul]. Je vous en prie, envoyez-en nous davantage !

  1. Quels conseils donneriez-vous aux catholiques d'aujourd'hui pour les aider à se préparer au combat spirituel à venir (et ayant déjà commencé) ?

O'Brien : Dans tout ce qui est sur le point de se passer, nous devons garder les yeux de notre coeur sur le véritable horizon. Ayez confiance en la victoire prochaine. Ayez confiance ! Plus que tout, ayez confiance !

Priez et jeûnez pour la conversion des âmes et pour que notre propre conversion soit toujours plus profonde. De cette manière, par la prière et la vie sacramentelle, nous grandirons dans une union toujours plus intime avec le Seigneur ressuscité, qui est avec nous jusqu'à la fin des temps et nous guidera à travers toutes les tribulations.

Priez avec ferveur pour vos prêtres, vos évêques et le Pape. Il nous faut aimer l'Église d'un amour indéfectible, dans sa beauté et dans ses humiliations. Prenez conscience de sa profonde identité d'Épouse — l'Épouse que Dieu prépare pour la rencontre avec l'Époux.

Michael D. O'Brien
Interview with Libros Libres Spain, décembre 2015 (archives)

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Commentaire laissé par Nathalie le

Bravo pour cet article. Soyons de ceux qui vivent en suivant le Christ, contre vents et marées. Prions, jeûnons et aimons l'Eglise, comme le dit si bien Michaël O'Brien.

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