Ambiguïtés papales


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Catégorie : Église et papauté

Auteur : Mark Mallett

Nombre de consultations : 2.211

Voici une réponse globale apportée à de nombreuses questions légitimes que se posent bien des catholiques concernant le pontificat turbulent du Pape François. Je m'excuse si ce qui suit est un peu plus long que d'habitude. Mais cela devrait répondre à plusieurs de vos questions...

Traduction d'un article de Mark Mallett du 23 avril 2018 : « Papal Puzzlery »

D'un lecteur :

Je prie pour la conversion et pour les intentions du Pape François chaque jour. Je suis de ceux qui tombèrent amoureux du Saint-Père le jour même de son élection, mais les premières années de son pontificat m'on laissé perplexe et m'ont fait craindre que de par sa spiritualité jésuite très libérale, il était presque en train de marcher au pas de l'oie avec les points de vue et positions gauchistes et libérales mondialistes actuels. Étant membre de la Fraternité Franciscaine Séculière, ma profession de foi m'oblige à l'obéissance. Mais je dois admettre qu'il me fait peur… Comment savons-nous que ce n'est pas un antipape ? Les médias déforment-ils ses paroles ? Devons-nous le suivre aveuglément et prier davantage pour lui ? C'est ce que je fais, mais j'en ai le coeur tiraillé.

Peur et confusion

Que le pontificat du Pape François soit marqué par la confusion est indéniable. Il est devenu l'un des principaux sujets de discussion dans quasi tous les médias catholiques (...). Comme l'écrivait un article il y a quelques années :

Benoît XVI intimidait les médias parce que ses paroles étaient limpides comme de l'eau de roche. Les propos de son successeur, peu différents en substance de ceux de Benoît XVI, sont obscurs comme une nappe de brouillard. Plus il émet de commentaires improvisés, plus il risque de faire ressembler ses fidèles disciples aux hommes munis d'une pelle qui suivent les éléphants au cirque.

Mais est-ce que cela devrait nous faire peur ? Si le sort de l'Église repose sur un seul homme, alors oui, ce serait alarmant. Mais ce n'est pas le cas. Au contraire, c'est Jésus qui bâtit Son Église, non pas Pierre. Les méthodes et les moyens que le Seigneur choisit d'utiliser sont Ses affaires. [1] Mais nous savons déjà que le Seigneur utilise souvent ce qui est faible, fier, désinvolte… en un mot, Pierre.

Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle.

Matthieu 16: 18

C'est sûr, chaque scandale dans l'Église est comme une autre vague menaçante ; chaque hérésie et erreur qui se présente est comme un banc rocheux ou de sable peu profond sur lequel la Barque de Pierre risque de s'échouer. Rappelons-nous l'observation faite par le Cardinal Ratzinger plusieurs années avant que le monde n'apprenne qui était le Cardinal Jorge Bergoglio (Pape François) :

Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l'eau de toute part.

— Cardinal Ratzinger, 24 mars 2005, méditation du Vendredi saint sur la troisième chute du Christ ; news.catholique.org

Oui, c'est l'impression que l'on peut avoir. Mais le Christ nous promet que l'enfer ne « prévaudra » pas contre elle. C'est-à-dire que la Barque peut être endommagée, retardée, désorientée, déséquilibrée, ou elle peut prendre l'eau de toutes parts ; son capitaine et ses premiers officiers peuvent être endormis, tièdes ou distraits. Mais elle ne sombrera jamais. C'est la promesse du Christ. [1] Lors d'un songe, où il vit la barque de Pierre, Saint Jean Bosco vit ceci :

Finalement, un bélier redoutable fendit sa coque, y laissant un trou béant, mais aussitôt, une brise provenant des deux colonnes [celles de la Vierge et de l'Eucharistie] referma instantanément la brèche.

Catholic Prophecy, Sean Patrick Bloomfield, p. 58

Cela nous trouble ? C'est certain. Cela nous effraie ? Non, car nous devons compter sur notre foi.

« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N'avez-vous pas encore la foi ? »

Marc 4: 37-40

Un Pape de gauche ?

Certains suggèrent que le Pape est « de gauche ». Il convient de rappeler que les Pharisiens pensaient aussi que Jésus était hétérodoxe pour les mêmes raisons que celles qui poussent beaucoup de catholiques à s'opposer à François. Pourquoi ? Parce que le Christ a poussé la miséricorde jusqu'à ses limites (lire The Scandal of Mercy). Le Pape François offense pareillement beaucoup de « conservateurs » pour avoir apparemment méprisé la lettre de la loi. Et l'on pourrait presque indiquer le jour où tout cela a commencé…

Ce fut lors d'une interview parue dans l'America Magazine, une publication jésuite. Le nouveau Pape y partagea sa vision :

Les enseignements, tant dogmatiques que moraux, ne sont pas tous équivalents. Une pastorale missionnaire n'est pas obsédée par la transmission désarticulée d'une multitude de doctrines à imposer avec insistance. L'annonce de type missionnaire se concentre sur l'essentiel, sur le nécessaire, qui est aussi ce qui passionne et attire le plus, ce qui rend le coeur tout brûlant, comme ce fut le cas des disciples d'Emmaüs. Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l'édifice moral de l'Église risque lui aussi de s'écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l'Évangile. L'annonce évangélique doit être plus simple, profonde, irradiante. C'est à partir de cette annonce que viennent ensuite les conséquences morales.

— Le 30 septembre 2013 ; americamagazine.org ; traduction française trouvée sur https://sites.google.com/site/mccmauricedpl/diaspora-sino-mauricienne

Notamment, plusieurs parmi ceux ayant lutté contre la « culture de mort » sur les lignes de front furent immédiatement offensés. Ils avaient supposé que le Pape les applaudirait pour avoir proclamé avec courage la vérité sur l'avortement, la défense de la famille et le mariage traditionnel. Au lieu de cela, ils ont eu l'impression d'être réprimandés pour leur « obsession » par rapport à ces problèmes.

Mais le Pape ne suggérait aucunement que ces problèmes culturels n'étaient pas importants. Plutôt, qu'ils ne sont pas le coeur de la mission de l'Église, particulièrement à cette heure décisive. Il a poursuivi en expliquant :

Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l'Église aujourd'hui, c'est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le coeur des fidèles, la proximité, la convivialité. Je vois l'Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s'il a du cholestérol et si son taux de sucre est trop haut! Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les blessures ... Il faut commencer par le bas.

— Ibid.

"Non, non, non !" s'écrièrent certains. « Nous sommes toujours en guerre, et nous sommes en train de perdre ! Nous devons réaffirmer les points de doctrine qui sont attaqués ! Quel est le problème avec ce Pape ? Est-il un libéral ?

Mais si vous permettez mon audace, le problème avec cette réponse (qui s'est presque transformée pour certains en schisme, par un effet boule-de-neige) est qu'elle révèle un coeur qui n'écoute pas humblement ou qui ne réalise pas les véritables enjeux actuels. Le Pape n'a pas dit que la doctrine n'était pas importante. Il a plutôt fait une observation cruciale au sujet des guerres culturelles : les enseignements orthodoxes de l'Église, fermement énoncés sous Saint Jean-Paul II et Benoît XVI et largement connus dans le monde entier, n'ont pas empêché le monde de dévaler la pente raide du paganisme hédoniste. En d'autres termes, continuer à simplement réaffirmer la doctrine ne fonctionne pas. Ce qui est nécessaire, insiste François, est un retour à « l'essentiel » — ce qu'il appellera plus tard le kérygme.

Sur la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : “Jésus Christ t'aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t'éclairer, pour te fortifier, pour te libérer”. Quand nous disons que cette annonce est “la première”, cela ne veut pas dire qu'elle se trouve au début et qu'après elle est oubliée ou remplacée par d'autres contenus qui la dépassent. Elle est première au sens qualitatif, parce qu'elle est l'annonce principale, celle que l'on doit toujours écouter de nouveau de différentes façons et que l'on doit toujours annoncer de nouveau durant la catéchèse sous une forme ou une autre, à toutes ses étapes et ses moments.

Evangelii Gaudium, n° 164

Il nous faut d'abord soigner les blessures. Il faut arrêter l'hémorragie, les saignements désespérés… « et ensuite nous pourrons aborder le reste. » De cette proclamation « plus simple, profonde, irradiante » de la Bonne Nouvelle « viendront ensuite les conséquences morales », la doctrine, les dogmes, et les vérités morales libératrices. Où, je vous le demande, le Pape François suggère-t-il que la vérité n'est plus pertinente ou nécessaire ?

Bien que n'étant pas l'élément central de son pontificat tel que ce fut le cas pour ses prédécesseurs, François a réaffirmé maintes fois la dignité de la vie humaine, le sophisme de « l'idéologie du genre », le caractère sacré du mariage et les enseignements moraux du Catéchisme. Il a aussi averti les fidèles contre la paresse, la complaisance, l'infidélité, les commérages et le consumérisme — comme par exemple dans sa dernière exhortation apostolique :

Le consumérisme hédoniste peut nous jouer un mauvais tour, parce qu'avec l'obsession de passer du bon temps, nous finissons par être excessivement axés sur nous-mêmes, sur nos droits et sur la hantise d'avoir du temps libre pour en jouir. Il sera difficile pour nous de nous soucier de ceux qui se sentent mal et de consacrer des énergies à les aider, si nous ne cultivons pas une certaine austérité, si nous ne luttons pas contre cette fièvre que nous impose la société de consommation pour nous vendre des choses, et qui finit par nous transformer en pauvres insatisfaits qui veulent tout avoir et tout essayer.

— Gaudete et exultate, n° 108 ; vatican.va

Cela dit, le Pape a sans doute pris des décisions qui peuvent justifier une certaine perplexité, sinon de l'inquiétude : le langage contradictoire et ambigu d'Amoris Laetitia ; le refus de rencontrer certains Cardinaux ; le silence suite aux "dubia" ; le transfert au gouvernement chinois de l'autorité sur certains évêques ; son soutien explicite à la science contestable et controversée du « réchauffement climatique » ; l'attitude apparemment incohérente à l'égard des clercs pédophiles ; les controverses en cours à la Banque du Vatican ; l'admission à des conférences au Vatican de défenseurs du contrôle démographique, etc. Cela peut non seulement apparaître comme une connivence avec les « libéraux », mais aussi de toute évidence un rôle dans l'agenda mondialiste — sans parler de certaines prophéties papales dramatiques, sur lesquelles je reviendrai dans quelques instants. Le fait est que les papes peuvent commettre et commettent des erreurs dans leur façon de gouverner l'Église et dans le choix des personnes dont ils s'entourent, ce qui peut nous pousser à répéter :

« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » ... Jésus leur répondit alors : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N'avez-vous pas encore la foi ? »

Marc 4: 37-40

Pour répondre à l'autre question qui m'avait été posée, à savoir si les médias « déforment » ses paroles, cela ne fait aucun doute. Par exemple, vous rappelez-vous le fiasco du « Qui suis-je pour juger ? » Eh bien, même certains médias catholiques ont interprété cette parole de façon malheureuse, ce qui a eu de très fâcheuses conséquences (lire Who Am I to Judge? et Who Are You to Judge?).

Obéissance aveugle ?

Il n'est pas question « d'obéissance aveugle » dans l'Église catholique. Pourquoi ? Car les vérités révélées par Jésus Christ, enseignées aux apôtres et fidèlement transmises par leurs successeurs, ne sont pas cachées. De plus, elles sont superbement logiques. Je fus un jour présenté à un ancien athée militant qui est récemment devenu catholique uniquement à cause de la logique intellectuelle des enseignements de l'Église et de l'éclat radieux de la vérité. (...) De plus, avec les moteurs de recherche sur Internet et le Catéchisme de l'Église catholique, le corps entier de l'enseignement de l'Église est accessible dans son intégralité.

Et cette Tradition n'est pas non plus soumise aux caprices personnels du Pape « bien que possédant "dans l'Eglise le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel". » [2]

Le Pape n'est pas un souverain absolu, dont la pensée et la volonté font loi. Au contraire: le ministère du Pape est la garantie de l'obéissance envers le Christ et envers Sa Parole.

— PAPE BENOIT XVI, Homélie du 8 mai 2005 ; Vatican.va

Tout cela pour dire que la papauté ne se réduit pas à un seul pape. Pierre parle d'une seule voix et ne peut donc pas contredire les enseignements de ses prédécesseurs, qui proviennent du Christ lui-même. Nous ne suivons pas le Pape aveuglément, cas nous sommes guidés par l'Esprit de vérité qui…

… vous guidera vers la vérité tout entière.

Jean 16: 13

La meilleure attitude que vous puissiez avoir lorsque le Pape semble réellement contredire ses prédécesseurs est celle-ci : prier pour lui d'autant plus. Mais ceci doit être rappelé avec insistance : même si le Pape François a parfois été ambigu, il n'a pas changé une seule lettre de la doctrine, quand bien même il ait troublé les eaux de la pratique pastorale. (...)

Peut-être une autre problématique se pose : un culte de la personnalité malsain qui a entouré le Pape, et où l'on constate en effet une sorte d'adhésion "aveugle". En raison de la précision théologique de nombreux papes au cours des dernières décennies et l'accès aisé de nos jours à toutes leurs déclarations, un postulat erroné est apparu, d'une certaine façon, chez certains fidèles selon lequel presque toute parole qu'un pape prononce est frappé d'infaillibilité. Ce n'est tout simplement pas vrai. Un pape peut très certainement se tromper lorsqu'il se prononce sur des questions ne touchant pas à la "foi et la morale", telles que la science, la médecine, le sport ou les prévisions météorologiques.

Les papes ont commis et commettent encore des erreurs et ce n'est pas une surprise. L'infaillibilité est réservée aux enseignements ex cathedra [“depuis la Chaire” de Saint Pierre, c'est-à-dire toutes proclamations de dogmes fondées sur la Sainte Tradition]. Aucun pape dans toute l'histoire de l'Église n'a jamais commis d'erreur ex cathedra.

— Rév. Joseph Iannuzzi, théologien, dans une lettre qu'il m'a adressée personnellement

Est-il un antipape ?

Cette question est probablement au coeur de nombreuses préoccupations d'aujourd'hui, et elle est sérieuse. Car il existe actuellement une volonté croissante parmi les catholiques « ultra-conservateurs » de trouver une raison de déclarer ce pontificat invalide.

Tout d'abord, qu'est-ce qu'un antipape ? Par définition, il s'agit de quiconque usurperait illégitimement le siège de Pierre. Dans le cas du Pape François, pas un seul cardinal n'a même laissé sous-entendre que l'élection de Jorge Bergoglio à la papauté était invalide. Par définition et selon la loi canonique, François n'est pas un antipape.

Cependant, certains catholiques affirment qu'une petite « mafia » a forcé Benoît XVI à abandonner sa charge, et par conséquent, François est dans les faits un antipape. Mais comme je l'ai noté dans Se tromper de cible, le Pape Émérite a catégoriquement nié cela en trois occasions.

Je ne me suis pas retiré sous la pression des événements et ce n'était pas non plus une fuite devant des situations que je me serais senti incapable d'affronter. Personne n'a cherché à me faire chanter. Je ne l'aurais de toute façon pas permis. Si on avait essayé de le faire, je serais resté parce qu'il ne faut pas partir sous la pression. Et il n'est pas vrai non plus que j'aurais renoncé à ma charge en cédant à un chantage quelconque. En effet, Dieu merci, j'étais dans l'état d'esprit paisible de celui qui a surmonté la difficulté. L'état d'esprit de celui qui peut, tranquillement passer le gouvernail à celui qui vient après.

Benoît XVI, Dernières conversations: avec Peter Seewald (éditions fayard) ; traduction depuis l'anglais (Bloomsbury Publishing) ; p. 24 ; lire Les « dernières conversations » de Benoît XVI

Par ailleurs, certains ont interprété plusieurs prophéties de façon imprudemment erronées, telle que celle-ci donnée par Notre-Dame du Bon Succès concernant un futur pape :

Il sera persécuté et emprisonné au Vatican par l'usurpation injuste des États pontificaux causée par l'iniquité, l'envie et l'avarice d'un monarque terrestre.

— Notre Dame à Sr Mariana de Jesus Torres

Encore une fois, il y a un postulat selon lequel des membres malfaisants au sein de la Curie maintiendraient Benoît XVI contre sa volonté entre les murs du Vatican, ce qu'il a également réfuté.

Et puis il y a la prophétie des « deux papes » de la bienheureuse Anne Catherine Emmerich, qui déclare :

J'ai vu également la relation entre deux papes… J'ai vu combien seraient néfastes les conséquences de cette fausse église. Je l'ai vue augmenter de dimensions; des hérétiques de toutes sortes venaient dans la ville (de Rome). Le clergé local devenait tiède, et j'ai vu une grande obscurité… J'eus une autre vision de la grande tribulation. Les clercs demandaient une concession qu'on ne pouvait pas leur accorder. Je vis plusieurs prêtres âgés, en particulier un qui pleurait et se lamentait amèrement; quelques rares jeunes se lamentaient également. Mais d'autres, en particulier les hérétiques, accueillirent promptement la requête. C'était comme si les gens étaient divisés en deux camps.

Tiens donc ! Deux papes ! La « concession » ne pourrait-elle pas être le fait que la communion aux divorcés remariés serait à présent autorisée par certains évêques à travers une interprétation erronée d'Amoris Laetitia ? Le problème est que le contexte de cette "relation" entre deux papes n'est pas un contexte personnel ou intime, comme l'a souligné un éditorialiste :

… « Les deux papes » n'était pas une relation entre deux contemporains, mais deux pontifes à deux extrémités de l'histoire de l'Église, que plusieurs siècles séparent : le pape qui christianisa le (...) monde païen et le pape qui, plus tard, paganiserait l'Église catholique, renversant ainsi les gains de son saint prédécesseur.

— Steve Skojec, le 25 mai 2016 ; onepeterfive.com

Une autre prophétie importante invoquée contre le Pape François aujourd'hui est celle de son homonyme — St François d'Assise. Ce Saint a un jour prédit ceci :

Une grande époque de tribulations et d'affliction dans laquelle de grands périls et des embarras temporels et spirituels pleuvront, la charité d'un grand nombre se refroidira et l'iniquité des méchants surabondera. Le pouvoir des démons sera plus grand que d'ordinaire, la pureté immaculée de notre congrégation religieuse et des autres sera flétrie, au point que très peu parmi les chrétiens voudront obéir au vrai Souverain Pontife et à l'Eglise Romaine avec un coeur sincère et une charité parfaite. Au moment décisif de cette crise, un personnage non canoniquement élu, élevé à la Papauté, s'efforcera avec adresse de communiquer à beaucoup le poison mortel de son erreur … La sainteté de vie sera tenue en dérision par ceux qui la professent extérieurement, c'est pourquoi Notre Seigneur Jésus-Christ leur enverra non pas un digne pasteur, mais un exterminateur.

Oeuvres du Père Séraphique Saint François d'Assise, R. Washbourne, 1882, p. 248-250, avec l'imprimatur de Son Excellence William Bernard, Évêque de Birmingham.

Le problème lorsqu'on essaie d'appliquer cette prophétie à notre pape actuel est que l' « exterminateur » (ou "destructeur") ici n'est « pas canoniquement élu  ». Cette prophétie ne peut donc pas s'appliquer au Pape François. Mais peut-être à son successeur…?

Et puis il y a la prophétie de La Salette, en France :

Rome perdra la foi et deviendra le siège de l'Antéchrist.

— Voyante, Mélanie Calvat

Le « Rome perdra la foi  » signifie-t-il que l'Église catholique apostasiera ? Jésus a promis que cela n'arrivera pas, que les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Cela pourrait-il signifier que, dans les temps qui viennent, la ville de Rome sera devenue à tel point païenne dans ses croyances et ses pratiques religieuses qu'elle deviendra le siège de l'Antéchrist ? Encore une fois, c'est très possible, particulièrement si le Saint-Père est contraint de fuir le Vatican, comme le suggère la prophétie approuvée de Fatima, et comme Pie X le vit lors d'une vision :

Ce que j'ai vu est terrifiant ! J'ignore si cela se passera avec moi ou avec l'un de mes successeurs. Ce qui est sûr, c'est que le pape quittera Rome et, en sortant du Vatican, il devra marcher parmi les cadavres de ses prêtres.

— Saint Pie X

Une autre interprétation suggère que l'apostasie interne des clercs et des laïcs pourrait à ce point affaiblir l'exercice du charisme pétrinien, que même de nombreux catholiques deviendront vulnérables au pouvoir trompeur de l'Antéchrist.

Le fait est qu'il n'y a pas une seule prophétie approuvée au sein de la mystique catholique qui prédit que le pape deviendrait ipso facto l'instrument même de l'enfer contre l'Église, par opposition au rocher sur lequel elle est bâtie… même si, certainement, plus d'un pape ont échoué en tant que témoin du Christ, et ce de façons parfois fortement scandaleuses.

Le Pierre post-Pentecôte… est ce même Pierre qui, par crainte des Juifs, a contredi sa liberté chrétienne (Galates 2 11-14) ; il est à la fois un rocher et une pierre d'achoppement. Et cela n'a-t-il pas été ainsi à travers toute l'histoire de l'Église que le Pape, successeur de Pierre, a été à la fois Petra et Skandalon — à la fois le rocher de Dieu et une pierre d'achoppement ?

— PAPE BENOIT XVI, de Das neue Volk Gottes, p. 80ff

(...)

Séparer le bon grain de l'ivraie

La confusion actuelle dans l'Église produit plusieurs effets imprévus qui sont cependant nécessaires : éprouver l'authenticité et la profondeur de notre foi (lire Pourquoi êtes-vous bouleversés ?).

Benoît XVI a enseigné que Notre-Dame est une « image de l'Église à venir ». [3] Et le bienheureux Isaac de l'Étoile écrivait :

Dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit de façon universelle de l'Église vierge et mère, s'applique individuellement à Marie, vierge et mère ; et ce qui est dit en particulier de la Vierge mère qu'est Marie, s'applique de façon générale à l'Église vierge et mère. Lorsqu'on parle de l'une ou de l'autre, ce qu'on en dit s'applique indistinctement à l'une comme à l'autre.

— Bienheureux Isaac de l'Étoile, Liturgie des heures, vol. I, pg. 252 ; la-croix.com ; zenit.org

Ainsi, les paroles du prophète Siméon adressées à notre Mère Marie peuvent s'appliquer à nous :

... et toi, ton âme sera traversée d'un glaive – ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du coeur d'un grand nombre.

Luc 2: 35

Il paraît évident que les pensées d'un grand nombre de coeurs sont en train d'être dévoilées à cette heure de l'histoire : [4] ceux qui se cachaient jusqu'ici dans l'ombre du modernisme émergent à présent de l'obscurité tels des Judas [5] ; ceux qui se sont « rigidement » accrochés à leurs propres idées concernant la manière dont le Pape doit diriger l'Église, tout en dégainant leur « épée de vérité », fuient à présent le Jardin (cf. Mt 26: 51) ; et cependant ceux qui sont restés petits, humbles et fidèles comme le fut Notre Dame, alors même qu'elle ne comprenait pas les voies du Seigneur, (cf. Lc 2: 50) restent au pied de la croix — là où Son Corps mystique, l'Église, apparaît flagellé, défiguré et… presque à l'état d'épave.

Dans quel camp nous trouvons-nous ?

Si vous n'avez pas lu Les cinq corrections, je vous y encourage. Parce qu'ici je crois que le Seigneur, sinon le Pape, a révélé ce qu'Il est en train de faire... dévoiler nos coeurs avant que ne commence la correction finale de l'Église, puis celle du monde ...

Extrait :

En voyant le Synode sur la famille atteindre un tel niveau de confusion et de tension, je ne pus m'empêcher de ressentir fortement dans mon coeur que nous sommes en train de vivre les lettres adressées aux églises dans le livre de l'Apocalypse. Ce sentiment a été confirmé ce matin, alors que j'étais assis pour vous écrire : tout comme Jésus réprimanda cinq des sept églises de l'Apocalypse, de la même manière, le Pape François fit cinq reproches à l'Église dans son discours de clôture synodale.

— Mark Mallett, Les cinq corrections

Suivez Jésus

Voici l'avertissement que j'ai personnellement reçu de la part de certains lecteurs depuis la première année du pontificat du Pape François : « Et si vous vous trompez, Mark ? Et si le Pape François est vraiment le faux prophète ? Vous allez conduire tous vos lecteurs dans un piège ! Je ne suivrai pas ce Pape ! »

Pouvez-vous voir la sombre ironie dans cette déclaration ? Comment peuvent-ils accuser les autres d'être égarés parce qu'ils demeurent dans l'unité avec le Magistère quand eux-mêmes se déclarent arbitres ultimes de qui est fidèle et qui ne l'est pas ? S'ils ont déterminé que le Pape est un antipape, qui dès lors peut être leur juge et leur guide infaillible si ce n'est leur propre ego ?

Le Pape, évêque de Rome et successeur de St Pierre, "est principe perpétuel et visible et fondement de l'unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles."

— Catéchisme de l'Église catholique, n° 882

D'autre part, le conseil de Saint Paul sur la manière de se préparer et de résister à l'imposture de l'Antéchrist n'était pas de mettre aveuglément notre confiance dans un individu, mais dans la Tradition transmise à travers l'ensemble du Corps du Christ.

... tenez bon, et gardez ferme les traditions que nous vous avons enseignées, soit de vive voix, soit par lettre.

2 Thessalonique 2: 15

L'ensemble des fidèles ne peut se tromper dans la foi et manifeste cette qualité par le moyen du sens surnaturel de la foi (sensus fidei) qui est celui du peuple tout entier, lorsque, [depuis les] évêques jusqu'au dernier des fidèles laïcs, il apporte aux vérités concernant la foi et les moeurs un consentement universel.

— Catéchisme de l'Église catholique, n° 92

Ces traditions s'étendent sur 266 pontificats, non pas un seul. Si le Pape François agit certains jours d'une façon contraire à la foi ou déclare légitime ce qui est un péché mortel, ou ordonne aux fidèles de prendre ce qui est clairement « la marque de la bête, » etc. vais-je obéir aveuglément et encourager les autres à le faire aussi ? Bien sûr que non. À tout le moins, nous aurions une crise entre les mains et peut-être un moment à la « Pierre et Paul » où le souverain pontife aurait besoin d'être corrigé par ses frères. Certains suggèrent que nous approchons déjà d'un tel moment. Mais pour l'amour du Ciel, ce n'est pas comme si nous marchions dans l'obscurité, en suivant aveuglément un guide. Nous avons la plénitude de la vérité, inaltérée, qui brille et éclaire le chemin devant chacun d'entre nous, incluant le Pape.

Il y a eu un moment où les Apôtres furent confrontés à une crise de foi. Ils devaient choisir entre continuer de suivre Jésus, ou s'estimer plus sages que Lui et retourner à leur ancien mode de vie. (cf. Jn 6:66) À ce moment, Saint Pierre déclara simplement :

Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.

Jn 6: 68

Cela me rappelle encore une prophétie qu'aurait faite Jésus, donnée devant le successeur de Saint Pierre, le Pape Paul VI, lors d'un rassemblement avec le Renouveau Charismatique, il y a 43 ans [6] :

Je vais vous dépouiller de tout ce dont vous dépendez présentement, pour que vous ne dépendiez plus que de Moi. Un temps d'obscurité arrive sur le monde, mais un temps de gloire arrive pour Mon Eglise, un temps de gloire arrive pour Mon peuple ... Et ce n'est que lorsque vous n'aurez plus rien d'autre que Moi que vous aurez tout ...

Place St. Pierre à Rome, Cité du Vatican, Lundi de Pentecôte, Mai 1975

Peut-être que ce que certains parmi vous éprouvez aujourd'hui — un coeur tiraillé — s'explique par le fait que Jésus est en train de nous retirer [toutes nos fausses sécurités et mauvaises dépendances].

Mark Mallett


[1] cf. Jesus, the Wise Builder
[2] cf. PAPE FRANCOIS, discours final lors du Synode ; Vatican.va, 18 octobre 2014
[3] Spe Salvi, n° 50
[4] lire When the Weeds Begin to Head
[5] lire Manger au même plat que le traître ; ndt: les loups ne sortent-ils pas des bois une fois la nuit tombée et non en plein jour ? N'est-ce pas un signe que notre monde est aujourd'hui plongé dans une profonde nuit spirituelle, de voir tous ces loups ravisseurs au sein même de l'Église sortir de plus en plus nombreux de leur tanière pour tenter de dévorer les chrétiens qui, pour beaucoup, sont endormis !
|6] cf. La prophétie à Rome

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Commentaire laissé par Marie-Christine TOURNIER le

Merci
Cela me rassure dans ma position et obeissance aux messages de MARIE QUI DIT TOUJOURS DE SOUTENIR le Pape qui doit prendre d importantes decisions. Je sais maintenant qu il est elu au suffrage catholique et qu'il est un BON PAPE

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Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort. Ils n'en trouvèrent pas ; pourtant beaucoup de faux témoins s'étaient présentés. Finalement il s'en présenta deux, qui déclarèrent : « Celui-là a dit : “Je peux détruire le Sanctuaire de Dieu et, en trois jours, le rebâtir.” » Alors le grand prêtre se leva et lui dit : « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu'ils portent contre toi ? » Mais Jésus gardait le silence.

Mt 26 : 59 - 63

... Après avoir publié La secousse de l'Église le Jeudi Saint, il n'a fallu que quelques heures avant qu'un tremblement de terre spirituel, centré sur Rome, ne secoue toute la chrétienté. Tandis qu'on nous rapportait que des morceaux de plâtre se seraient mis à tomber du plafond de la Basilique Saint-Pierre, les titres des journaux à travers le monde annonçaient en choeur que le pape François aurait dit que « l'enfer n'existe pas. »

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Un Pape pour notre temps

le

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Un lecteur m'a envoyé ce matin le message suivant auquel je souhaite répondre par le biais d'un petit billet sur ce blog, car nous sommes nombreux à nous poser cette question :

J'aime bien votre position par rapport à notre pape. C'est celle à laquelle j'aimerais vraiment croire, cependant si l'on considère que c'est un homme de prière mû par l'Esprit Saint, comment est-il possible de se fourvoyer à ce point ? J'avoue que cela rend pour moi de plus en plus difficile le fait de croire qu'il serait totalement innocent. Même si encore une fois, c'est ce que je préférerais.

Qu'en pensez-vous ?

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La grande fissure

Mark Mallett - le

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La déclaration du Vatican selon laquelle les couples « homosexuels » et « irréguliers » peuvent recevoir une bénédiction a créé une profonde fissure dans l'Église et soulève des questions quant à savoir s'il s'agit d'un acte authentique du magistère. Est-ce la raison pour laquelle la Sainte Vierge nous a demandé de rester fidèles au « véritable magistère » ?

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