La décennie révélatrice du pape François


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Catégorie : Église et papauté

Auteur : Edward Pentin

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Tout catholique pratiquant qui a suivi le pontificat du pape François au cours des dix dernières années aura remarqué à quel point la corruption interne a été révélée dans l'Église, qu'elle soit doctrinale, morale ou structurelle.

« Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël [dans l'Eglise]. Il sera un signe de contradiction... : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d'un grand nombre. »

Luc 2: 34-35 :

De Edward Pentin sur Belgicatho | Photo : Pixabay

Mais ces révélations pourraient-elles faire partie de la Providence du Seigneur, exposant tous les maux de l'Église post-conciliaire afin qu'une véritable réforme puisse avoir lieu un jour ou l'autre ?

Des questions sur une telle thèse ont été posées à trois éminents commentateurs sur François et l'Église : Le père Nicola Bux, théologien italien, ancien consulteur de la Congrégation pour la doctrine de la foi et de la Congrégation pour la cause des saints ; Riccardo Cascioli, rédacteur en chef du quotidien catholique italien La Nuova Bussola Quotidiana ; et le biographe de François, Massimo Borghesi, auteur de Catholic Discordance : Neoconservatism vs. the Field Hospital Church of Pope Francis.

Note de Pierre et les Loups : je ne citerai que les passages de cet entretien qui rejoignent ma propre compréhension de l'état de l'Eglise et de la mission de François (que beaucoup ne comprennent pas aujourd'hui, précisément à cause de l'ambiguïté et la contradiction qui caractérisent son pontificat). Vous pouvez lire l'intégralité des réponses, dont celles du Père Nicola Bux qui est assez critique du Pape François, sur Belgicatho.

Pensez-vous que ces révélations étaient providentielles, qu'elles auraient pu être révélées intentionnellement ?

(...)

CASCIOLI : Franchement, il est difficile de le savoir. Ce qui me semble certain, c'est qu'il avait clairement en tête un programme de réformes qui lui était propre, à commencer par le pontificat lui-même, qui s'est fortement sécularisé au cours de ces dix années. [...] D'autre part, quand on lance des processus - ce qui est sa volonté affichée - ils peuvent facilement déraper. C'est le cas de l'Église allemande, à qui l'on a offert un pouce et qui prend le bras. Il me semble que la fuite en avant du Synode allemand risque de ruiner le projet de François d'introduire les demandes de l'Église allemande dans le Synode sur la synodalité pour servir de moteur à l'ensemble de l'Église.

BORGHESI : Il y a une parfaite continuité entre François et Benoît XVI en ce qui concerne l'intention de faire la clarté au sein de l'Église, en mettant en lumière les graves péchés qui ont été cachés au cours des 50 dernières années. La "saleté dans l'Église", dont parlait le cardinal Ratzinger avant son élection comme pape, est une tache intolérable. Le fait que les méfaits des prêtres et des religieux aient été cachés pendant si longtemps révèle une conception "cléricale" de l'Église, celle d'un monde fermé qui se considère comme parfait, à l'abri de tout péché.

Qu'est-ce qui, dans son pontificat, a permis que tout cela soit révélé ? Dans quelle mesure François a-t-il permis que tout cela soit révélé ? Cela aurait-il été révélé si Benoît XVI avait continué à être pape ?

PÈRE BUX : (...) Dans le plan de Dieu, tout homme, donc même un pape, est destiné à dévoiler les pensées de nombreux cœurs, à mettre en lumière ce qui est caché. Le fait que Benoît XVI ait vécu dix ans après sa démission est peut-être une "révélation" de Dieu, comme s'il voulait dire : "C'est moi qui décide quand un pape doit être réélu" : "C'est moi qui décide quand un pape doit terminer son pontificat". Ainsi, dans la renonciation, on peut entrevoir une diversité de finalités. Maintenant, sa personne et son œuvre ayant visiblement disparu, Benoît XVI devient plus proéminent, avec ses pensées centrées sur Jésus-Christ, parce qu'il est le signe de la contradiction, chassant tout ce qui s'oppose à lui. Car il est nécessaire que des scandales se produisent pour que les vrais croyants se manifestent (1 Cor. 11:19), ou pour que ceux qui n'étaient pas des nôtres se manifestent (1 Jn. 2:19).

CASCIOLI : Soyons clairs sur une chose : l'état actuel de confusion et d'apostasie dans l'Église ne dépend pas uniquement du pape François. Certaines positions et le mépris de la tradition de l'Église étaient déjà présents, et la théologie hétérodoxe a été enseignée dans les universités pontificales et les séminaires pendant des décennies. Il faut aussi rappeler ce qui s'est passé depuis 1968, après l'encyclique Humanae Vitae. Mais avec Jean-Paul II et Benoît XVI, il y avait un guide sûr, une clarté orthodoxe du Magistère qui indiquait clairement - à ceux qui le voulaient - où se trouvait le véritable enseignement de l'Église. Le pontificat de François, en revanche, a permis à tout d'émerger au grand jour, les opinions hétérodoxes étant aujourd'hui majoritaires. À cet égard, il convient de rappeler la prophétie de Paul VI en 1977 dans une lettre à Jean Guitton :

"Ce qui me frappe, quand je considère le monde catholique, c'est qu'à l'intérieur du catholicisme une pensée non catholique semble parfois prédominer, et il se peut que cette pensée non catholique à l'intérieur du catholicisme devienne demain la plus forte. Mais elle ne représentera jamais la pensée de l'Église".

Lire : Quand l'ivraie arrive à maturité

BORGHESI : Tout d'abord, sa conception absolument non cléricale de l'Église. C'est Jean-Paul II qui a été le premier à avoir le courage, lors du Jubilé de l'an 2000, de demander pardon à Dieu pour les péchés de l'Église. Une décision qui, à l'époque, n'était pas partagée par beaucoup. François s'est engagé, comme Benoît XVI, sur cette voie, celle de la transparence. C'est la voie tracée par le Concile Vatican II.

Dans quelle mesure pensez-vous que ces révélations étaient nécessaires pour une véritable réforme à l'avenir ?

PÈRE BUX : Nous savons que l'Église a une composante humaine imparfaite et pécheresse parce que le mystère de l'iniquité est à l'œuvre. Mais la grâce de Dieu n'est pas vaine ; il suffit de ne pas mettre d'obstacles et de ne pas enlever la suprématie de Jésus-Christ parce que la grâce et la vérité viennent à l'Église de Jésus-Christ. Si l'Église ne croit plus en lui, mais en fait un prétexte pour parler de pauvreté et d'écologie, comme si elle voulait éliminer la pauvreté et sauver la planète, il ne faut pas s'étonner que la transformation des cœurs n'ait pas lieu. Il y a un manque de foi dans les hommes d'Église. Ils ont réduit le sacerdoce à un presbytérat, compris comme une fonction représentative et démocratique, au lieu de le considérer comme l'essence nouvelle qui permet de se tenir en présence de Dieu et de le servir. Benoît XVI a appelé l'Année du Sacerdoce, l'Année de la Foi, précisément pour indiquer le véritable antidote à la crise ecclésiale et à l'effondrement de la liturgie, en puisant aux sources sacramentelles de la grâce.

CASCIOLI : Nous savons que cette période se révélera providentielle, mais nous verrons avec le temps de quelle manière. Dans l'histoire de l'Église, nous voyons certainement que les périodes de crise débouchent sur un épanouissement de la sainteté. C'est la vraie et unique réforme. Cependant, il est clair que dans cette tourmente, beaucoup d'âmes sont en danger de se perdre, il y a un ennemi qui veut détruire l'Église et qui s'est maintenant glissé à l'intérieur, faisant perdre leurs repères à beaucoup de catholiques. Nous devons nous rappeler le rêve prophétique de saint Jean Bosco, celui des deux colonnes auxquelles le pape attache la barque de Pierre pour sortir indemne d'une formidable tempête au cours de laquelle une multitude de navires ennemis lancent contre elle leurs féroces attaques. Les deux colonnes représentent la Vierge Marie et l'Eucharistie. Je dirais que c'est vraiment le moment de s'attacher le plus fortement à ces deux piliers.

Lire l'entretien complet sur Belgicatho


Le pape François, dix ans déjà

De Louis Daufresne sur laselectiondujour.com

Sur le clavier habituellement bien tempéré de la politique vaticane, le pape François compose-t-il ses propres variations, comme s'il pianotait en solo sur la gamme du « en même temps », un peu comme Emmanuel Macron ? « Le prophétique et le doute prudent vont de pair lorsqu'on parle de [lui] », s'écrie le théologien Hendro Munsterman, interrogé par la Deutsche Welle.

Certes, « faire le pape n'est pas un métier facile », comme il le dit lui-même. Et dresser le bilan de son pontificat ne l'est pas non plus. Le saint père le sait – qui jugea utile pour son dixième anniversaire sur le trône de Pierre de donner moult interviews et même d'enregistrer un « popecast ».

Malgré tout, les media ne savent pas trop quoi dire à son sujet. Beaucoup d'articles, crachant de la dépêche, font le minimum. RTL retient « un franc-parler et des gestes forts » ; Libé ironise sur un pontificat « en petite réforme » ; Slate déplore aussi les « lentes avancées » ; Le Monde le voit « sous le feu croisés des réformateurs et des conservateurs » et, dans la même veine mais un autre esprit, Le Figaro pointe son « autoritarisme et [sa] volonté d'ouverture ». Jean-Marie Guénois pense que « François déconcerte nombre de catholiques par ses décisions ».

Ces échos médiatiques traduisent une incertitude dans le jugement. Les « variations » bergogliennes étourdiraient-elles les media ? Même La Croix s'avoue perplexe quand le correspondant à Rome lâche que « le pape François promeut fortement une synodalité qui consiste à écouter la base des catholiques tout en exerçant un pouvoir très fort à l'intérieur des murs du Vatican ». Alors, que croire ? La périphérie ou le centre, l'archipel ou le continent, la tendresse ou la dureté, l'empathie ou la doctrine, le peuple ou le magistère ? « François a-t-il vraiment changé l'Église ? », s'interroge Loup Besmond de Senneville sous le titre étonnant pour une monarchie « François, le pape démocrate ? ». Tout est dans le point d'interrogation.

Le « en même temps » s'explique aussi par le prisme des journalistes. Ceux-ci raisonnent en termes dialectiques et systémiques : à leurs yeux, la vie de l'Église se résume au duel entre progressistes et conservateurs et aux réformes structurelles qui peuvent en résulter.

Une seule question les intéresse : l'Église est-elle toujours moins conservatrice ? Si oui, elle avance. Sinon, elle recule. Peu leur chaut la parole christique et l'évangélisation dont ils ne comprennent rien et ne veulent surtout rien comprendre. Le postulat journalistique ne varie pas : le catholicisme étant archaïque et oppressif, il doit se réformer dans ses croyances et ses mœurs pour se conformer aux processus d'émancipation tous azimuts que la modernité valorise. Il ne faut plus que l'homosexualité soit un péché ni que la gouvernance soit cléricale et masculine.

Sur ces deux terrains, François use de paroles et de gestes. Son « Qui suis-je pour juger (les personnes gays cherchant le Seigneur) ? » est sa phrase la plus marquante. Sa communication fait prévaloir le cœur et l'écoute sur le caractère vertical et magistral. Mais en faisant des synodes un espace de libération de la parole, le pontife ouvre la voie au grand chambardement souhaité par les zélateurs d'un « Vatican III » dont les intentions sont connues : « accueil des divorcés remariés, ordination d'hommes mariés, nouveau regard sur les personnes homosexuelles, acceptation de la contraception, nouvelle gouvernance de l'Église », rappelle Le Figaro.

Le chemin synodal allemand explore cette perspective avec ses quatre forums sur l'autorité, la morale sexuelle, la vie sacerdotale et la place des femmes. La riche église d'outre-Rhin entend s'adapter au temps présent pour garder son train de vie financé par l'impôt. À rebours de son avant-gardisme initial, le pape met en garde contre « la tentation de croire que les solutions (…) ne peuvent passer que par des réformes structurelles ». Reste que la patience dont fait preuve François envers le risque schismatique allemand n'a d'égale que son inflexibilité à l'égard des milieux traditionalistes, tenus à l'écart de l'esprit synodal et bridés dans leur accès à la messe en latin.

Ce traitement de défaveur suscite l'ire de l'église américaine, autre bailleur de fonds du Vatican. Aussi le « en même temps » verse-t-il plus d'un côté que d'un autre. Après un pontificat de pacification sous Benoît XVI, celui de François polarise davantage les sensibilités.

Pour comprendre le personnage, ne faut-il pas se décentrer ? Son « en même temps » s'abreuve à deux sources latino-américaines : le populisme à la Péron, qui personnalise le pouvoir tout en exaltant la base, et l'esprit jésuite qui consulte largement pour décider fermement. Dans l'article en référence, Jean-Benoît Poulle, jeune normalien, montre brillamment que « la cause des oppositions à François est peut-être une question de style » et qu'il n'a d'autre solution que de réformer « par des voies détournées, [en] alliant une grande autorité personnelle à l'encouragement d'initiatives locales ».

Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer... on aura pour ennemis les gens de sa propre maison.

Mt 10: 34-36

... tenez fermement, du moins, ce que vous avez, jusqu’à ce que je vienne. Le vainqueur, celui qui reste fidèle jusqu'à la fin à ma façon d’agir, je lui donnerai autorité sur les nations, et il les conduira avec un sceptre de fer, comme des vases de potier que l’on brise. Il sera comme moi qui ai reçu autorité de mon Père, et je lui donnerai l’étoile du matin. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises.

Ap 2: 25-29

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—Catéchisme de l'Église catholique, n° 882

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