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La Fausse Humilité de l'Athéisme

Voici une réflexion de , l'une des filles de Mark Mallett. Titre original : « The False Humility of Atheism »

Le mois dernier, je suis tombée sur cette courte vidéo intitulée Nihilisme Optimiste. J'y ai souvent pensé depuis. Ayant été éduquée dans la foi catholique, avec la perspective qu'il était tout à fait normal de penser à une vie éternelle au Ciel, et que la sainteté est une force motrice dans mes décisions quotidiennes, cela m'a profondément dérangé de réaliser qu'il y a des personnes qui non seulement rejettent l'idée d'une âme immortelle (ça je le savais déjà) mais qui volontairement refusent de reconnaitre que la vie a un but.

Mais j'imagine que cela tient la route. Nous sommes vraiment peu de choses et franchement insignifiants dans l'étendue de l'univers matériel. Des milliards d'êtres humains sont morts avant nous, leur souvenir appartient désormais à l'histoire. Chacun de nous vivant sur terre mourra un jour, et même la terre et le soleil finiront par disparaître. Si c'est tout ce à quoi nous nous réduisons... alors il n'y a véritablement et en fin de compte pas le moindre sens à cette vie.

Tout va vers un même lieu : tout est tiré de la poussière, et tout retourne à la poussière.

Ecclésiaste 3:20

Récemment j'ai repassé cela dans ma tête en le comparant à une chose à laquelle la plupart des gens ne penseraient probablement pas s'ils étaient confrontés à la possibilité d'une vie dénuée de sens : l'humilité.

L'une des définitions de l'humilité que j'entends parfois est qu'il s'agit juste de la conscience de nos propres limitations. Je veux dire, c'est sans doute l'une des plus profondes découvertes que vous ferez jamais : que par rapport à tout ce que vous avez et tout ce que vous savez, ce que vous n'êtes pas et ce que vous ne connaitrez jamais est infiniment plus grand.

D'une certaine manière, l'Athéisme et son cousin le plus extrême, le Nihilisme, ont l'apparence de l'humilité, dans le sens qu'ils reconnaissent que l'être humain est insignifiant devant l'infini. Ces idéologies sont une tentative de voir le monde tel qu'il est et d'en accepter la dure réalité. Mais il s'agit, si je puis me permettre, d'une fausse humilité.

La véritable humilité est une étrange chose. En tant que Chrétiens, cela signifie se reconnaître vulnérables devant la puissance de Dieu et réaliser combien nous sommes faibles et insignifiants... et cependant de ne pas en désespérer. Cela signifie accepter aussi bien notre petitesse que tout l'amour que Dieu a pour nous. La vraie humilité nous fait dire « Seigneur, aie pitié de moi pécheur. » et immédiatement ensuite « Je Te rends grâces, Ô Seigneur, pour la merveille que je suis.  »

Un monde sans Dieu ne permet pas cela. L'Athéisme creuse une vallée à l'intérieur des frontières de notre réalité physique, de sorte que nous pouvons ensuite tyranniser tout ce qui s'y trouve. Entre ces murs, nous sommes les maîtres, nous pouvons examiner et manipuler le monde tangible jusqu'à ce qu'il nous ait révélé tous ses secrets. En nous limitant à ce qui peut être prouvé empiriquement et en rejetant toute possibilité de transcendance, nous en arrivons à décider de ce qui donne sens à nos vies, pour autant que nous y parvenions.

J'ai suivi un long débat l'autre soir sur Youtube, intitulé « Dieu existe-t-il ? » et je l'ai constaté de mes propres yeux. Hitchens, l'un des participants, insistait à plusieurs reprises sur le fait qu'il lui fallait toujours une preuve extraordinaire attestant de l'existence de Dieu, quand bien même l'autre participant lui fournissait constamment des raisons de conclure qu'il y a bien un Dieu — et qu'Il est le Dieu auquel croient les Chrétiens. Mais Hitchens avait creusé sous ses propres pieds une tranchée où il pouvait s'installer confortablement dans les limites d'une existence exclusivement matérielle. Dans cette vallée, il lui était impossible de pénétrer l'idée d'un Dieu qui puisse orchestrer tout un univers — un univers qui se révèle sur une période de plusieurs milliards d'années — simplement pour pouvoir se satisfaire d'un groupe d'humains accrochés à une minuscule planète dans un système solaire mineur d'une toute petite galaxie.

Mais c'est là l'étrange audace du Christianisme. Plutôt que de chercher à projeter ce qu'un être omnipotent, omniprésent, et omniscient voudrait (ou ne voudrait pas) accomplir, nous suivons les signes pour voir où ils nous mènent. La foi, après tout, consiste à croire ce que Dieu a révélé de Lui-même à travers la révélation divine. Elle consiste à embrasser l'expérience humaine dans son ensemble, laquelle transcende le monde animal et se dirige vers une réalité plus grande que celle que nous pouvons percevoir immédiatement.

La vie possède en effet un sens profond, un dessein qui s'étend au-delà de notre seule existence et plonge dans l'éternité. Voilà un sujet suffisamment consistant pour en reparler dans un prochain billet, mais je conclurai par ceci : le but de la vie réside dans une humilité authentique, qui sache se réfugier dans le ferme battement de coeur de notre Dieu, lequel nous appelle à sortir de nos limitations pour prendre part à son dessein de salut pour l'humanité.

Valley of Despair, Oil on wood

Au sujet de cette toile

J'ai voulu principalement expérimenter la peinture de paysages et ai choisi une atmosphère inspirée du Seigneur des Anneaux. Je me suis lancé un défi singulier, car c'est un sujet très différent de mes peintures habituelles. Je m'y suis probablement reprise à trois fois, essayant différents styles et techniques. Sa réalisation fut pour moi un mélange entre thérapie et totale frustration — mais une grande leçon que j'ai pu tirer de cette peinture est que je me sais désormais capable de bien mieux me concentrer lorsque je n'ai pas de musique de fond. Le silence me convient bien.

Vous pourriez considérer ces sculptures comme de grands monuments érigés par des hommes ayant marché dans cette vallée par le passé. Une vie sans but doit être un chemin bien obsédant à parcourir.