Les bases d'une vie apostolique féconde – Homélie pour le 5ème dimanche de Pâques


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Catégorie : Enseignements, sermons & homélies

Auteur : Mgr Charles Pope

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En ce temps pascal, nous poursuivons notre méditation sur la façon dont le Seigneur Jésus ressuscité nous guide et répond à nos besoins. La semaine dernière, nous l'avons considéré comme notre berger. Cette semaine nous apprenons la façon dont Il est la vigne et nous sommes les sarments, entièrement dépendants de Lui en toutes choses.

Quand nous considérons sa manière de prendre soin de nous en tant que ses disciples, nous devons préserver le mot « soin » de son acception moderne plutôt sentimentale. Les vrais soins ne consistent pas seulement en des choses agréables telles que fournir de la nourriture et un abri. Parfois, le soin implique des choses difficiles, mais des choses qui sont nécessaires pour nous discipliner et nous purifier afin que nous grandissions et que nous portions plus de fruits. Ainsi, le Seigneur parle d' « émondage » dans ce passage. Bien qu'étant un soin, l'émondage n'est pas souvent agréable, mais c'est un soin approprié. Regardons comment le Seigneur prend soin de nous pour nous aider à être de vrais disciples.

Par Mgr Charles Pope • 29 avril 2018 • Titre original « Fundamentals for Fruitful Discipleship – A Homily for the 5th Sunday of Easter »

Le Seigneur nous présente quatre principes de base qui nous aident à être des disciples plus féconds.

I. La raison d'être des disciples - Le texte dit ceci (lire l'Evangile de ce dimanche) : Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ... Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.

La raison d'être d'une vigne est de porter des fruits. Quels sont les fruits que le Père attend de nous ? La justice, la vertu et la sainteté en sont certainement les principaux. La Lettre aux Galates en parle de la manière suivante : Mais voici le fruit de l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. (Galates 5: 22-23). Sûrement, nous pouvons ajouter des vertus et des fruits tels que la générosité, la chasteté, la miséricorde, le pardon, et le zèle pour Dieu et Son royaume. Ceux-ci font partie des fruits que Dieu recherche, et qui sont la raison d'être de la vigne, à savoir Son Fils Jésus, qu'Il a envoyé pour nous nourrir afin que ces fruits arrivent à maturité.

Cependant, il y a des sarments qui, bien qu'ils se nourrissent de la sève de la vigne, ne portent pas de fruit. Non seulement ils ne portent pas de fruits, mais ils nuisent souvent à la vigne en tirant leur force des branches fruitières.

Je ne suis pas un spécialiste des raisins, mais depuis de nombreuses années je cultive des tomates. Au fur et à mesure que le plant de tomate croît, de petites pousses émergent de la base des branches de la vigne. Ceux-ci sont généralement appelés « gourmands », car ils tirent leur force de la branche principale où poussent les tomates. Ces gourmands devraient être retirés pour la santé et la vigueur de la plante et le meilleur développement des fruits.

Dieu fera souvent la même chose. A notre époque moderne, qui met davantage l'accent sur l'individualisme, entendre que Dieu coupe des branches qui ne portent pas de fruit nous choque et nous paraît impitoyable et cruel. Cependant, Dieu a à l'esprit non seulement le bien de l'individu, mais la force et la fécondité de la vigne dans son ensemble. Ne pas porter de fruits n'affecte pas seulement l'individu ; cela affecte toute la vigne. Par conséquent, Dieu, en tant que vigneron attentionné, retire les branches nuisibles. Votre vie ne se réduit pas à votre seule personne. Tout comme ma propre vie ne me concerne pas que moi. Nous existons dans une myriade de relations complexes, les uns avec les autres, et Dieu doit prendre soin de l'ensemble. Parce que le but de la vigne est de porter du fruit, Dieu s'occupe de la vigne avec cela à l'esprit.

Le texte poursuit en disant que les branches coupées se dessèchent et qu'on les ramasse pour les jeter au feu. Si je ne sais pas qui je suis et à qui j'appartiens, si je ne suis plus enraciné dans le Christ, n'importe qui peut me nommer et m'emporter. Oui, si je ne suis pas solidement greffé à la vigne, je peux être "emporté" par les soucis mondains. De cette manière, je me dessèche et je meurs spirituellement ; je suis emporté à la moindre brise. Comme toute branche desséchée, comme tout bois sec, je ne suis bon à rien d'autre qu'à être jeté au feu. À moins que le Christ ne me porte et ne me soutienne, je suis emporté par les autres, qui me jettent dans le feu.

II. L'émondage des disciples - Le texte dit, et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, pour qu'il porte encore plus de fruit. Déjà vous êtes purs grâce à la parole que je vous ai fait entendre.

La plupart d'entre nous ayant eu à s'occuper de roses savent à quel point la taille est importante. Sans cette coupe attentionnée et nécessaire, le rosier s'étend et ses branches deviennent noueuses. Il dépense davantage sa force dans ses branches que dans ses fleurs. Peu à peu les fleurs deviennent plus petites et moins belles ; les feuilles perdent leur beauté, leur forme et leur couleur, devenant plus petites et d'un vert plus clair. Finalement, le rosier a à peine meilleure mine qu'une mauvaise herbe.

J'imagine que si un rosier pouvait parler, il protesterait et crierait de douleur chaque mois de novembre lorsque je reviens vers lui pour réduire sa croissance à une longueur d'à peu près un pied au-dessus du sol. En mai, cependant, les roses magnifiques dans la cour avant sont un chef-d'oeuvre et toute la douleur de novembre est oubliée.

La douleur et l'émondage font partie du voyage de tous chrétiens ; Dieu sait ce qu'Il fait. Souvent, nous l'ignorons, et comme les roses de novembre qui crient de douleur et de protestation, nous cherchons des réponses. Pourtant, pas plus que je ne peux expliquer aux rosiers pourquoi je les taille (ce ne sont que des rosiers, après tout), Dieu ne peut nous expliquer en quoi consiste cet émondage (nous sommes de simples mortels avec des esprits trop petits pour comprendre cette réalité infiniment plus grande).

De même, la taille de novembre cède la place à la gloire de mai ; Dieu le vigneron sait ce qu'Il fait.

Notez aussi que le Seigneur dit que sa Parole nous « purifie ». Si nous laissons la Parole pénétrer en nous sans compromis et intégralement, nous pouvons lire ceci : Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ; elle va jusqu'au point de partage de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du coeur. (Heb 4:12). Oui, la Parole de Dieu peut briser notre orgueil, couper au vif nos pensées déformées et erronées, et nous tenir pour responsables de nos actes. Elle peut balayer l'erreur et guérir les blessures putréfiées du péché.

Nous devons permettre à la Parole de Dieu d'être ce qu'elle est. Trop d'entre nous cherchent une version filtrée et édulcorée de la Parole de Dieu. Non ! Laissons agir la Parole non diluée, dont l'Écriture elle-même dit : Ma parole n'est-elle pas comme un feu – oracle du Seigneur –, comme un marteau qui fracasse le roc ? (Jr 23: 29)

Une vigne émondée porte des fruits abondants. Aucun de nous n'aime l'émondage, mais rien n'est plus nécessaire.

III. La permanence des disciples - Le texte dit : Demeurez en moi, comme moi [je demeure] en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi [si vous ne demeurez en moi], vous ne pouvez rien faire.

Dans ce court passage de l'évangile, on retrouve le mot "demeurer" sept fois. Comprenez-vous ce que cela signifie ? Demeurez ! Le mot grec μείνατε (meinate) est l'impératif pluriel du verbe meno, signifiant « demeurer ». Demeurer signifie rester de façon habituelle ou séjourner quelque part. Cela parle de stabilité et de permanence.

Il est clair qu'une branche doit toujours rester attachée à la vigne sinon elle est condamnée. Absolument rien n'est possible à une branche (si ce n'est de dépérir et mourir) à moins qu'elle ne soit attachée à la vigne 24h / 24, 7j / 7 et 365j / 365. Rien ne pourrait être plus clair dans cette analogie que cette vérité.

Pourtant, cela ne semble pas si évident pour le commun des disciples de Jésus, qui s'éloignent si facilement, trouvant à la fois ennuyeux et difficile de demeurer auprès de Lui. Ensuite nous nous demandons pourquoi notre vie spirituelle est tiède et ses fruits ternes ! Nous ne pouvons même pas avoir une vie spirituelle médiocre en dehors du Christ ; le texte dit que nous ne pouvons rien faire du tout si ce n'est être dispersés.

Comment pouvons-nous demeurer avec et dans le Seigneur ? L'Écriture distingue quatre manières. Nous demeurons et expérimentons l'union avec le Seigneur à travers :

SA PAROLE - Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. (Jn 15: 7) Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. (Jn 14: 23)

SAINTE COMMUNION - Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. (Jn 6: 56)

PRIÈRE (en particulier la prière communautaire) - En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. (Mt 18: 20)

GARDER SES COMMANDEMENTS - Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. (1 Jean 3: 24)

Oui, nous demeurons en Jésus par la prière, l'Écriture, les sacrements, la vie communautaire, et en vivant selon ses commandements. Cet Évangile ne pouvait être plus clair : demeurer, demeurer, demeurer, demeurer, demeurer, demeurer, demeurer. Le mot est utilisé sept fois (2 fois implicitement dans la traduction française).

Vous avez compris ? Demeurez. Demeurez en permanence.

IV. La fécondité des disciples - Le texte dit : Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples.

En demeurant greffés sur la vigne, nous produirons des fruits abondants. Notez que ceci est lié à une sorte de fécondité dans la prière qui vient du bon plaisir du Père.

Pourquoi est-Il heureux de répondre à nos prières si nous demeurons en Son Fils ? Parce qu'Il sait qu'ainsi Ses bénédictions ne seront pas perdues. En effet, Il peut dire : « Voici quelqu'un qui est proche de mon Fils, qui vit en permanence avec Lui et demeure en Lui. Oui, voici une personne de confiance, digne de mes bénédictions. Voici un sage intendant qui est uni à mon Fils. » Les Écritures parlent souvent de la corrélation entre la fidèle intendance et les bénédictions :

  • (Luc 16: 10-11) Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n'avez pas été dignes de confiance pour l'argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ?
  • (Matt 25:21) Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
  • (Luc 12:48) À qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a beaucoup confié, on réclamera davantage.

En voulez-vous davantage ? Alors faites bonne usage de ce que vous avez déjà. Soyez quelqu'un en qui le Père peut avoir confiance parce que vous restez proche et demeurez avec Son Fils. Soyez comme ceux qui peuvent dire, avec la mère Ruth : Où tu iras, j'irai ; où tu t'arrêteras, je m'arrêterai. (Ruth 1: 16) Soyez comme cet homme qui disait à sa femme : "Si jamais tu me quittes, je pars avec toi."

Demeurer, demeurer, demeurer.

Mgr Charles Pope

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