Le scandale


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Catégorie : Vie de l'Eglise

Auteur : Mark Mallett

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Depuis des décennies, comme je l'ai fait remarquer dans mon précédent article When the State Sanctions Child Abuse, les catholiques doivent faire face à un flot ininterrompu d'articles de presse annonçant d'incessants scandales frappant le ministère des prêtres. « Un prêtre accusé de … », « L'Église a couvert ... », « Un prêtre pédophile a été transféré d'une paroisse à une autre ... » et ainsi de suite. C'est déchirant, non seulement pour les fidèles laïcs, mais aussi pour les autres prêtres. C'est un abus de pouvoir si profond venant d'hommes in persona Christi — dans la personne du Christ — que l'on se retrouve souvent dans un silence abasourdi, essayant de digérer le fait qu'il ne s'agit pas de cas isolés mais qui sont bien plus fréquents que ce que l'on pouvait imaginer.

Traduction d'un article de Mark Mallett du 17 juillet 2017 : « The Scandal »

Ainsi, la foi n'est plus crédible en tant que telle, l'Église ne peut plus se présenter de manière crédible pour proclamer le Seigneur.

—PAPE BENOÎT XVI, Lumière du monde, le pape, l'Église et les signes des temps : un entretien avec Peter Seewald, p. 45 ; Bayard

Perte des fondements

Les raisons, je suppose, sont nombreuses. Fondamentalement, il s'agit d'une rupture non seulement dans le processus d'admission des séminaristes, mais aussi dans le contenu de l'enseignement qui leur est dispensé. L'Eglise a été plus occupée à former des théologiens que des saints ; des hommes doués d'intellect plus que d'esprit de prière ; des administrateurs plus que de fidèles apôtres. Ce n'est pas un jugement, mais un fait objectif. Plusieurs prêtres m'ont dit que dans leur formation au séminaire, il n'y avait presque pas d'insistance sur la spiritualité. Pourtant le fondement même de la vie chrétienne réside dans la conversion et le processus de transformation ! Bien que la connaissance soit nécessaire pour « nous revêtir de l'esprit du Christ » (Phil 2: 5), elle ne suffit pas.

Car le Royaume de Dieu ne consiste pas en parole, mais en puissance.

1 Co 4: 20

La puissance qui nous libère du péché ; la puissance qui transforme notre nature corrompue ; la puissance qui expulse les démons ; la puissance qui seule permet d'accomplir des miracles ; la puissance qui permet de transformer le pain et le vin en corps et en sang du Christ ; la puissance qui nous rend capables d'annoncer Sa Parole et de provoquer la conversion de ceux qui l'entendent. Mais dans de nombreux séminaires, les futurs prêtres apprennent que la notion de péché est dépassée ; que la transformation ne réside pas dans la conversion personnelle mais dans l'expérimentation théologique et liturgique ; que Satan n'est pas un être angélique, mais un concept symbolique ; que les miracles cessèrent avec le Nouveau Testament (et qu'il ne furent peut-être pas des miracles après tout) ; que la Messe n'est qu'un simple rassemblement de personnes, non pas la célébration du Saint Sacrifice ; que les homélies devraient être des discours agréables aux oreilles plutôt que des appels à la conversion… et ainsi de suite.

Et quelque part dans tout cela, le refus d'adhérer à Humanae Vitae, l'enseignement essentiel sur le rôle de la sexualité humaine dans le monde moderne, sembla s'accompagner d'une avalanche de tendances et désirs homosexuels dans le sacerdoce. Comment cela a-t-il pu se produire ? Si les catholiques furent encouragés à « suivre leur conscience » en matière de contrôle des naissances (lire O Canada… Where Are You ?), pourquoi les membres du clergé ne devraient-ils pas eux aussi suivre leur conscience concernant leur propre corps ? Le relativisme moral a pénétré au coeur même de l'Église… les fumées de Satan se sont répandues dans les séminaires, les paroisses et même dans les couloirs du Vatican, selon Paul VI lui-même.

Une excuse

Et ainsi, l'anticléricalisme atteint son paroxysme dans notre monde. Ignorant le fait que les abus sexuels ne sont pas un problème proprement catholique, mais touchent le monde entier, beaucoup se servent du pourcentage relativement faible de prêtres pédophiles comme une excuse pour rejeter l'Église dans son ensemble. Des catholiques ont utilisé ces scandales comme une excuse pour cesser d'assister à la messe, pour minimiser l'importance de l'enseignement de l'Église ou pour ne plus juger nécessaire de vivre en accord avec celui-ci. D'autres ont utilisé ces scandales pour dépeindre le catholicisme comme étant le mal incarné, allant jusqu'à attaquer la personne du Saint-Père (comme si le Pape était responsable des péchés personnels de chacun des fidèles).

Mais ce ne sont que des excuses. Quand chacun de nous se tiendra devant le Créateur après avoir quitté cette vie, Dieu ne va pas lui demander : « Alors, avez-vous connu des prêtres pédophiles ? » Il révélera plutôt la façon dont vous aurez répondu aux moments de grâce et aux opportunités de salut qu'Il aura suscité au milieu des tristesses et joies, épreuves ou victoires qui auront parsemé votre vie. Le péché d'autrui n'est jamais une excuse pour notre propre péché, une excuse qui justifierait les actions posées par notre propre volonté.

Le fait est que l'Église demeure le corps mystique du Christ, le sacrement visible de salut du monde… que ce corps soit blessé ou sain.

Scandale de la Croix

Quand on se saisit de Jésus au Jardin des Oliviers ; quand il fut dévêtu et flagellé ; quand il eut à porter la croix à laquelle il fut ensuite suspendu … Il fut un scandale pour ceux qui le suivaient. C'est là notre Messie ? Impossible ! Même la foi des apôtres fut ébranlée. Ils se dispersèrent dans le jardin, et un seul revint sur ses pas pour contempler « l'espoir crucifié. »

Il en est de même aujourd'hui : le corps du Christ, Son Église, est couvert de meurtrissures, et cela nous scandalise — autant de blessures infligées par les péchés de ses membres individuels. La tête est une fois de plus honteusement recouverte d'une couronne d'épines… un enchevêtrement de pointes constituées de la multitude de nos péchés, qui transpercent profondément le coeur du sacerdoce, les fondements mêmes de « l'esprit du Christ » : l'autorité d'enseignement et la crédibilité de l'Église. Les pieds sont également transpercés — c'est-à-dire ses saints ordres, jadis beaux et forts à travers ses missionnaires, ses religieuses et ses prêtres qui donnèrent jusqu'à leur vie pour l'annonce de l'Évangile aux nations… ont été paralysés et disloqués par le modernisme et l'apostasie. Et les bras et les mains — ces hommes et ces femmes laïcs qui rendirent, avec courage et audace, Jésus présent dans leurs familles et sur les places publiques — ces membres se sont raidis et ont perdu toute vitalité à travers le matérialisme et l'apathie.

Le corps du Christ dans son ensemble apparaît comme un scandale face à un monde qui a désespérément besoin de salut.

Et vous ?

Et ainsi ... serez-vous tenté, vous aussi, de courir pour sauver votre peau ? Allez-vous fuir le Jardin des Douleurs ? Allez-vous abandonner le Chemin du Paradoxe ? Rejeter le Calvaire de la Contradiction tandis que vous regardez le corps du Christ, encore une fois recouvert de tant de lésions scandaleuses ?

… Ou allez-vous marcher par la foi plutôt qu'à vue ? Parviendrez-vous plutôt à réaliser que, sous ce corps meurtri, il y a un coeur qui bat : Un, Saint, Catholique et Apostolique. Un coeur qui continue de battre au rythme de l'amour et de la vérité ; un coeur qui continue de pomper de la pure Miséricorde dans chacun de ses membres à travers les Saints Sacrements ; un coeur qui, bien que d'humble apparence, est uni à un Dieu infini ?

Allez-vous vous enfuir ou allez-vous prendre la main que vous tend votre Mère en cette heure d'affliction, et répéter le fiat de votre baptême ?

Serez-vous de ceux qui protestent, de ceux qui raillent et tournent en dérision ce corps défiguré ?

Resterez-vous quand ils vous persécuteront pour votre fidélité à la Croix, qui est « folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, puissance de Dieu  » ? (1 Cor 1: 18).

Resterez-vous ?

Parviendrez-vous à ...

… vivre la profonde conviction que le Seigneur n'abandonne pas Son Église même si le bateau a pris tant d'eau qu'il est sur le point de chavirer.

—PAPE ÉMÉRITE BENOIT XVI, à l'occasion des funérailles du cardinal Joachim Meisner, le 15 juillet 2017 à Cologne ; gloria.tv

Mark Mallett

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