La miséricorde de Dieu vue par Sainte Thérèse de Lisieux


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Catégorie : La Divine Miséricorde

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La miséricorde de Dieu a été vue par la Petite Thérèse d'une façon très particulière. Pour Thérèse, en Dieu, tout allait vers l'infini. Elle voyait donc la miséricorde de Dieu au même titre que sa toute-puissance, que sa gloire, que son amour. Thérèse a considéré la miséricorde à la mesure aussi de son impuissance. À travers le sentiment de son impuissance, elle sait qu'il lui faut un répondant à la miséricorde et elle va le chercher avec une audace sans pareille et une confiance sans borne dans les mérites de Jésus, de la Vierge Marie et de tous les saints... de l'Église.

Image : Oeuvre de Tianna Williams

Enseignement sur la joie de la miséricorde de Dieu vue par Sainte Thérèse de Lisieux, donné par P. Jean-Marc Gagnon.

« Je ne puis craindre un Dieu qui s'est fait pour moi si petit... Je l'aime!... Car Il n'est qu'amour et miséricorde ! »

LT 26

A une époque marquée par la représentation d'un Dieu de justice et la peur du jugement, Thérèse va nous rappeler que Dieu est avant tout miséricorde, un Père plein de tendresse pour ses enfants, particulièrement pour les plus petits, ceux qui se reconnaissent pauvres et impuissants.

Les fautes ne sont pour elle qu'occasion de s'en remettre à Lui : « Le souvenir de mes fautes m'humilie, me porte à ne jamais m'appuyer sur ma force qui n'est que faiblesse, mais plus encore ce souvenir me parle de miséricorde et d'amour. Comment, lorsqu'on jette ses fautes avec une confiance toute filiale dans le brasier dévorant de l'amour, comment ne seraient-elles pas consumées sans retour ? » (LT247 à l'Abbé Bellière).

Ce sens de la miséricorde est crucial dans les derniers mois de sa vie, quand elle passe par l'épreuve de la nuit de la foi. Durant cette période, elle est assaillie de telles tentations qu'elle comprend mieux ce que vivent les plus grands pécheurs. Pourtant, elle ne cesse de croire en la miséricorde infinie de Dieu pour celui qui revient vers lui.

Elle va jusqu'à dire, en juillet 1897, à sa soeur Pauline : « Dites bien, ma Mère, que si j'avais commis tous les crimes possibles, j'aurais toujours la même confiance, je sens que toute cette multitude d'offenses serait comme une goutte d'eau jetée dans un brasier ardent ». (Derniers entretiens 11 juillet 1897)

Sa dernière lettre, à l'abbé Bellière, en août 1897, se termine par ces mots : « Je ne puis craindre un Dieu qui s'est fait pour moi si petit... Je l'aime !... Car il n'est qu'amour et miséricorde !  » (LT 263)

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La miséricorde de Dieu a été vue par la Petite Thérèse d'une façon très particulière. Pour Thérèse, en Dieu, tout allait vers l'infini. Elle voyait donc la miséricorde de Dieu au même titre que sa toute-puissance, que sa gloire, que son amour. Thérèse a considéré la miséricorde à la mesure aussi de son impuissance. À travers le sentiment de son impuissance, elle sait qu'il lui faut un répondant à la miséricorde et elle va le chercher avec une audace sans pareille et une confiance sans borne dans les mérites de Jésus, de la Vierge Marie et de tous les saints... de l'Église.

Thérèse elle-même, comme elle le dit dans son Acte d'Offrande à l'Amour Miséricordieux, ne veut pas amasser de mérites pour le ciel. Elle veut travailler gratuitement, sachant que ses propres ouvres n'ont de valeur que celle que Dieu veut leur donner, c'est-à-dire Lui-même. «  Je veux... recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-Même ». Ce que va chercher Thérèse dans la miséricorde vaut plus que tous les biens créés, c'est la possession de Dieu. À travers la miséricorde, Thérèse ne peut se satisfaire que de l'Amour dont elle se veut victime volontaire, comme Jésus.

« A moi, Dieu a donné sa miséricorde infinie. »

De plus en plus, Thérèse était fascinée par la miséricorde infinie du Père. Quelques mois avant de prononcer son Acte d'Offrande à l'Amour Miséricordieux (juin 1895), Thérèse donnait forme à sa Petite Voie de l'Enfance Spirituelle. Arrivée presqu'au sommet de sa vie, il lui devient clair que l'appel du Seigneur l'attire dans ce sens de la miséricorde toute faite de confiance : « À moi, dit-elle, Il a donné sa Miséricorde infinie » (Ms A, 83v°).

Thérèse, un véritable volcan d'Amour !

Thérèse avait déjà eu la grâce, étant jeune, d'avoir dans sa vie une image de père un peu exceptionnelle (affectivement parlant). On comprend aisément qu'il lui ait été possible alors de projeter sur son Dieu quelque chose de la tendresse dont elle avait été l'objet de la part de monsieur Martin.

On saisit vite la résonance qu'avait sous sa plume et dans son cour son expression « Papa Bon Dieu ! » « Je voudrais L'aimer, L'aimer plus qu'Il n'a jamais été aimé !  » ( LT 74 ) On peut dire qu'à cet égard elle avait hérité du feu de la « Madre Teresa d'Avila » qui disait qu'elle accepterait volontiers que certains soient plus saints qu'elle au Ciel, mais que jamais (!) elle ne tolérerait que quelqu'un d'autre n'aimât Jésus plus qu'elle !! Quelle belle parenté d'Amour ! Petite Thérèse disait que « l'Amour l'avait choisie » : «  Il me semble que si toutes les créatures avaient les mêmes grâces que moi, le Bon Dieu ne serait craint de personne, mais aimé jusqu'à la folie, et que par amour et non pas en tremblant, jamais aucune âme ne consentirait à Lui faire de la peine. » (Ms A, 83v°) Oui, Thérèse est un véritable volcan d'Amour !

L'Amour miséricordieux du Père

Ce en quoi Thérèse nous ressemble le plus, c'est au plan de son impuissance native à devenir sainte... Elle apprend elle-même, et elle nous l'enseigne, qu'il n'y a que Dieu qui puisse vraiment donner Dieu à une âme. À un moment donné, elle est frappée par deux textes de l'Ancien Testament :

« Si quelqu'un est TOUT PETIT, qu'il vienne à moi. »

Proverbes 9: 4

« Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux. »

Isaïe 66: 13

Ces paroles furent pour Thérèse une révélation inouïe : « Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme.  » (Ms C, 3r°)

Pour Thérèse, Dieu devient le plus tendre des pères doué d'un coeur plus que maternel. Cela me fait penser à cette petite fille de la catéchèse qui disait : « Le Bon Dieu, c'est un papa qui nous aime comme une maman ! » Les Petits ont parfois le sens de la synthétisation théologique !

Ainsi Thérèse se fait-elle toute proche de la Parole de Dieu qui nous présente Jésus comme le Grand Prêtre miséricordieux (Hé 2, 17), lui qui nous découvre le coeur miséricordieux de son Abba (papa) et du nôtre. Saint Paul, de son côté, qualifie Dieu de « Père des miséricordes » (2 Co 1, 3). Or, est miséricordieux celui qui a le coeur ouvert à la misère de... (misericor, en latin). Gustave Thibon écrit : « La miséricorde de Dieu descend toujours plus bas que ne tombe la misère de l'homme ».

Petite Thérèse, dans son impétueuse recherche de l'Absolu, débouche en plein coeur de notre foi chrétienne... elle aboutit à l'Amour. Et l'Amour, c'est Dieu (1 Jn 4, 8). Elle nous conduit avec elle directement à ce Dieu-Amour : « Papa Bon Dieu ». Cet Amour-là la projette au coeur de l'Église... qui est « Jésus continué ». C'est là que Thérèse découvre sa mission ecclésiale : « Dans le coeur de l'Église, ma Mère, je serai l'Amour » et « Aimer et faire Aimer l'Amour  » ! Son amour fou pour Dieu miséricorde lui fera écrire : « Oui je le sens, quand même j'aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j'irais le coeur brisé de repentir me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l'enfant prodigue qui revient à Lui. » (Ms C, 36v°)

Message à notre monde en mal de Dieu

Notre monde déboussolé, ce monde aux valeurs éclatées, notre monde en mal de Dieu a besoin d'entendre le message de Petite Thérèse : il a besoin d'être plongé dans l'Amour miséricordieux du Père. Oui, dussé-je avoir sur la conscience tous les péchés du monde, j'irais me jeter dans les bras de ce Père-là dont elle me parle avec tellement de confiance. Nos contemporains ont peur de tout : peur d'eux-mêmes, peur de la guerre, peur d'une débâcle économique possible, peur de la pollution, peur du sida et du cancer, peur de la mort (en tout cas, plus qu'autrefois !)... souvent même peur de Dieu. Oui, nous avons besoin d'un tel message d'espérance.

Demandons à Petite Thérèse de nous prêter ses yeux amoureux : « On n'a rien à craindre de cet Amour, on ne peut en attendre que de la miséricorde ! », nous dit-elle. Si l'on percevait son Dieu avec de tels yeux, personne n'oserait prendre ses distances face à notre Dieu de miséricorde.

P. Jean-Marc Gagnon, C.Ss.R. / E.V.I.R

Quelques citations de Sainte Thérèse

Moi, si j'avais commis, tous les crimes possibles,
Je garderai toujours, la même confiance,
Car je sais bien que cette multitude d'offenses
N'est qu'une goutte d'eau, dans un brasier ardent.

Oui, j'ai besoin d'un coeur, tout brûlant de tendresse,
Qui reste mon appui, et sans retour,
Qui aime tout en moi, et même ma faiblesse
Et ne me quitte pas, ni la nuit ni le jour.

Non, je n'ai pu trouver, nulle autre créature,
Qui m'aimât à ce point, et sans jamais mourir
Car il me faut un Dieu qui prenne ma nature
Qui devienne mon frère et qui puisse souffrir.

Non, tu n'as pas trouvé créature sans tache
Au milieu des éclairs, tu nous donnas ta Loi
Et dans ton Coeur Sacré, ô Jésus je me cache
Non, je ne tremble pas, car ma vertu c'est Toi.


(poésie de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus)

« O mon Dieu, Trinité bienheureuse, je désire vous aimer et vous faire aimer, travailler à la glorification de la Sainte Église en sauvant les âmes qui sont sur la terre et en délivrant celles qui souffrent dans le purgatoire. Je désire accomplir parfaitement votre volonté et arriver au degré de gloire que vous m'avez préparé dans votre royaume ; en un mot, je désire être sainte, mais je sens mon impuissance, et je vous demande, ô mon Dieu, d'être Vous-même ma sainteté. »

« Puisque vous m'avez aimée jusqu'à me donner votre Fils unique pour être mon Sauveur et mon Époux, les trésors infinis de ses mérites sont à moi, je vous les offre avec bonheur, vous suppliant de ne me regarder qu'à travers la Face de Jésus et dans son Cour brûlant d'amour. »

« Je vous offre encore tous les mérites des Saints qui sont au Ciel et sur la terre, leurs actes d'amour et ceux des Saints Anges. Enfin je vous offre, ô bienheureuse Trinité, l'amour et les mérites de la Sainte Vierge, ma Mère chérie ; c'est à elle que j'abandonne mon offrande, la priant de vous la présenter. Son divin Fils, mon Époux bien-aimé, aux jours de sa vie mortelle, nous a dit : Tout ce que vous demanderez à mon Père, en mon nom, Il vous le donnera ! Je suis donc certaine que vous exaucerez mes désirs... Je le sais, ô mon Dieu, plus vous voulez donner, plus vous faites désirer. Je sens en mon coeur des désirs immenses, et c'est avec confiance que je vous demande de venir prendre possession de mon âme. Ah ! je ne puis recevoir la sainte communion aussi souvent que je le désire ; mais, Seigneur, n'êtes-vous pas Tout-Puissant ? Restez en moi, comme au tabernacle, ne vous éloignez jamais de votre petite hostie... »

« Je voudrais vous consoler de l'ingratitude des méchants et je vous supplie de m'ôter la liberté de vous déplaire. Si, par faiblesse, je tombe quelquefois, qu'aussitôt votre divin regard purifie mon âme, consumant toutes mes imperfections, comme le feu qui transforme toute chose en lui-même. Je vous remercie, ô mon Dieu, de toutes les grâces que vous m'avez accordées ; en particulier de m'avoir fait passer par le creuset de la souffrance. C'est avec joie que je vous contemplerai au dernier jour, portant le sceptre de la Croix ; puisque vous avez daigné me donner en partage cette Croix si précieuse, j'espère au Ciel vous ressembler et voir briller sur mon corps glorifié les sacrés stigmates de votre Passion. »

« Après l'exil de la terre, j'espère aller jouir de vous dans la Patrie, mais je ne veux pas amasser de mérites pour le Ciel, je veux travailler pour votre seul Amour, dans l'unique but de vous faire plaisir, de consoler votre Coeur Sacré et de sauver des âmes qui vous aimeront éternellement. »

« Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes oeuvres... Toutes nos justices ont des taches à vos yeux ! Je veux donc me revêtir de votre propre Justice, et recevoir de votre AMOUR la possession éternelle de Vous-même. Je ne veux point d'autre trône et d'autre couronne que vous, ô mon Bien-Aimé !... »

« A vos yeux, le temps n'est rien, un seul jour est comme mille ans. Vous pouvez donc, en un instant, me préparer à paraître devant vous... »

« Afin de vivre dans un acte de parfait Amour, je m'offre comme victime d'holocauste à votre Amour miséricordieux,vous suppliant de me consumer sans cesse, laissant déborder en mon âme les flots de TENDRESSE INFINIE qui sont renfermés en vous, et qu'ainsi je devienne martyre de votre AMOUR, ô mon Dieu ! »

« Que ce martyre, après m'avoir préparée à paraître devant vous, me fasse enfin mourir, et que mon âme s'élance sans retard dans l'éternel embrassement de votre "MISÉRICORDIEUX AMOUR !" »

« Je veux, ô mon Bien-Aimé, à chaque battement de mon cour, vous renouveler cette offrande un nombre infini de fois, jusqu'à ce que, les ombres s'étant évanouies, je puisse vous redire mon amour dans un face à face éternel ! »

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