Jésus a-t-il enseigné la doctrine du Purgatoire ?


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Catégorie : Foi, doctrine & morale catholiques

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« Allez ! De toutes les nations faites des disciples . . . apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé.  » (Matthieu 28: 19-20). Voilà la Grande Mission que le Christ a confiée à ses disciples.

Remarquez que le Christ commande à ses disciples d'enseigner seulement ce qu'Il leur a révélé et non leurs propres opinions.

Beaucoup de protestants pensent que l'Eglise Catholique échoue à cet égard. Le purgatoire est un dogme catholique qu'ils pensent ne pas venir de notre Seigneur. Ils affirment que c'est l'un des nombreux dogmes inventés auxquels l'Église Catholique contraint ses membres à croire.

Il est vrai que tous les membres de l'Église Catholique sont tenus de croire au dogme du purgatoire. Mais ce n'est pas vrai qu'il s'agit d'une invention.

Un texte de Karlo Broussard publié sur le site catholic.com, traduit par Pierre et les Loups

En répondant à cette affirmation, l'apologiste catholique pourrait se référer au texte classique de St. Paul dans 1 Corinthiens 3: 11-15 dans lequel il explique comment l'âme souffre d'une perte suite à une purification par le feu au jour du jugement, mais quant à elle, cependant, elle est sauvée.

Néanmoins, la question que je voudrais aborder est celle-ci : « Y a-t-il une preuve que Jésus a enseigné qu'un tel lieu (état) existe ? » Si tel est le cas, l'usage fait par l'Eglise de 1 Corinthiens 3: 11-15 pour attester de la réalité du dogme du purgatoire serait plus persuasif.

Il y a deux passages dans la Bible où Jésus a enseigné la réalité du purgatoire: Matthieu 5: 25-26 et Matthieu 12:32.

Le pardon dans le monde à venir

Prenons d'abord Matthieu 12:32 :

Et si quelqu'un dit une parole contre le Fils de l'homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu'un parle contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir.

En mettant de côté la question de ce qu'est le péché irrémissible, remarquez ce qu'impliquent les paroles de Jésus : il y a certains péchés qui peuvent être pardonnés dans le monde à venir, indépendamment de ce en quoi peut consister ce monde. Le pape Saint Grégoire le Grand disait : « Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur.  » (Dialogues, 4, 39 ; CEC 1031).

Je soutiendrais que le « siècle » (ou « âge », ou encore « monde » tel qu'utilisé dans la nouvelle traduction liturgique) auquel Jésus se réfère dans ce passage est l'au-delà. Premièrement, le mot grec aion, « âge », est utilisé en référence à la vie après la mort dans Marc 10:30, quand Jésus parle de la vie éternelle comme récompense dans « le monde à venir » pour ceux qui abandonnent les choses temporelles à cause de Lui et de l'Evangile. Cela ne signifie pas que Jésus enseigne que le purgatoire est éternel, puisqu'il enseigne que les âmes qui s'y trouvent peuvent en sortir en ayant leurs péchés pardonnés, mais il affirme que cet état (note : le purgatoire est davantage un état qu'un lieu) existe dans l'au-delà.

Aion peut être utilisé pour se référer à une période de temps distincte dans cette vie, comme dans Matthieu 28:20 quand Jésus dit qu'il sera avec ses apôtres jusqu'à la fin des « temps ». Mais je pense que le contexte suggère qu'il est utilisé pour l'au-delà. Quelques versets plus loin (Matthieu 12:36), Jésus parle du « jour du jugement » qui, selon Hébreux 9:27, vient après la mort.

Alors qu'est-ce que nous avons ? Nous avons un état d'existence après la mort où l'âme est pardonnée de ses péchés, ce qui, à la lumière de la tradition de l'Ancien Testament (Psaume 66 (65) : 10-12, Isaïe 6: 6-7, Isaïe 4: 4) et des écrits de Paul (1 Corinthiens 3: 11-15), signifie que l'âme est purgée ou purifiée (ndt : en fait c'est l'Amour de Jésus qui nous purifie de nos souillures, qui détruit nos péchés en nous purifiant ; cette action de purification - qui est à la fois un acte de Justice et un acte de Miséricorde de la part de Dieu - est précisément le purgatoire ! Nier la réalité du purgatoire c'est donc nier la purification nécessaire de notre âme avant qu'elle soit apte à accéder au Ciel, c'est prétendre que nous pouvons entrer au Ciel sans avoir à nous purifier au préalable de nos péchés - Jésus nous sauve de nos péchés mais à travers une purification qui est le purgatoire).

Cet état ne peut pas être le paradis, puisqu'il n'y a pas de péché au Ciel. Cela ne peut pas être l'Enfer, car aucune âme en Enfer ne peut avoir ses péchés pardonnés et être sauvée. Qu'est-ce donc ? C'est le purgatoire.

Payer votre dû

Le deuxième passage biblique où Jésus enseigne la réalité du purgatoire est Matthieu 5: 25-26 :

Mets-toi vite d'accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison.

Amen, je te le dis : tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou.

Jésus précise que l'offenseur doit payer pour ses péchés. Mais la question est celle-ci : « Le lieu dans lequel l'âme doit payer jusqu'au dernier sou, auquel se réfère Jésus, se trouve-t-il dans cette vie ou dans l'autre ? » Je pencherais pour l'autre vie.

Le premier indice est le mot grec pour « prison », qui est phulake. Saint Pierre utilise ce mot grec dans 1 Pierre 3:19 lorsqu'il décrit la prison dans laquelle les âmes justes de l'Ancien Testament sont en captivité avant l'ascension de Jésus et celles que Jésus a visitées pendant la séparation de son âme et de son corps dans la mort. Puisque le phulake était utilisé comme un lieu d'attente dans l'au-delà dans la tradition chrétienne, il n'est pas déraisonnable de conclure que c'est ainsi que Matthieu l'utilise dans Matthieu 5: 25, surtout quand on considère le contexte, qui constitue notre deuxième indice.

Les versets qui précèdent et suivent le passage qui nous intéresse incluent les enseignements de Jésus sur les choses qui concernent la vie après la mort et notre salut éternel. Par exemple :

  • Jésus parle du Royaume des Cieux comme notre but ultime dans les Béatitudes (Matthieu 5: 3-12).
  • Jésus enseigne que notre justice doit surpasser la justice des pharisiens si nous voulons aller au Ciel (Matthieu 5: 20).
  • Jésus parle d'aller en enfer (géhenne de feu) si nous nous mettons en colère contre notre frère (Matthieu 5: 22).
  • Jésus enseigne que regarder une femme avec convoitise commet l'adultère dans son coeur (Matthieu 5: 27-28), ce qui, bien sûr, mériterait l'Enfer en l'absence de repentir.
  • Jésus enseigne qu'une récompense nous attend au Ciel pour nos actes de justice accomplis dans le secret (Matthieu 6: 1).

Il serait étrange que Jésus donne des enseignements sur la vie après la mort immédiatement avant et après Matthieu 5:25 mais que Matthieu 5:25 ne se réfère qu'à notre vie ici-bas. Par conséquent, je pense qu'il est raisonnable de conclure que Jésus ne parle pas d'un lieu de remboursement de la dette pour nos péchés dans cette vie, mais d'un lieu (état) dans l'au-delà.

Une prison temporaire

« Mais, » me direz-vous, « juste parce que c'est un lieu de remboursement après la mort ne signifie pas qu'il s'agit du purgatoire. Ça pourrait être l'Enfer, non ? » Deux indices suggèrent que cette « prison » n'est pas l'Enfer.

Premièrement, la « prison » de 1 Pierre 3:19 était un lieu de détention temporaire. Si Matthieu utilise le terme phulake dans le même sens dans Matthieu 5: 25, il s'ensuit que la prison dont parle Jésus est également un lieu d'attente temporaire.

Deuxièmement, Jésus dit que cette personne devra payer jusqu'au dernier « sou ». Le mot grec pour « sou » est kondrantes, qui valait moins de deux pour cent du salaire journalier d'un travailleur agricole du premier siècle. Cela suggère que le montant de la dette de l'offense n'est pas astronomique, et est donc une peine temporaire.

Saint Jérôme fait le même rapprochement : « L'obole [sou] est une pièce de monnaie qui vaut environ deux liards, la plus petite espèce de monnaie, et ces paroles du Sauveur veulent dire : « Vous n'en sortirez pas que vous n'ayez expié vos fautes les plus légères.  » (Thomas d'Aquin, Catena Aurea: Commentaire sur les quatre Evangiles: Recueilli des oeuvres des Pères : St Matthieu)

Comparez cela avec la dette due par le serviteur méchant dans Matthieu 18: 23-35. Le serviteur de la parabole devait au roi « dix mille talents » (verset 24). Un talent est la plus grande unité monétaire, d'une valeur de 6.000 deniers. Un denier vaut généralement un jour de salaire.

Donc, un seul talent vaut environ 16,4 années de salaire journalier. Si le serviteur de la parabole devait 10.000 talents, il devait environ 60 millions de deniers, ce qui équivaut à près de 165.000 années de salaire journalier. En d'autres termes, il devait une dette qu'il ne pourrait jamais payer.

Selon le récit, le roi a remis la dette du serviteur. Mais parce qu'il n'a pas montré la même miséricorde à ceux qui lui étaient débiteurs, le roi a remis le mauvais serviteur aux geôliers "jusqu'à ce qu'il eût remboursé toute sa dette" (Matthieu 18:34). Compte tenu de la dette énorme de ce serviteur, il est raisonnable de conclure que Jésus faisait référence à la punition éternelle de l'Enfer. Jésus faisait référence à une peine très longue mais qui finira par prendre fin, ce qui n'est pas possible en Enfer mais bien au Purgatoire (correction de Pierre et les Loups)

(...)

Faisons le point sur ce que nous avons jusqu'ici. Premièrement, Jésus parle, d'après le contexte, de questions qui concernent l'éternité. Deuxièmement, il utilise le mot « prison » qui, dans la tradition chrétienne, est utilisé en référence à un état d'existence dans l'au-delà qui n'est ni le paradis ni l'enfer. Et troisièmement, cette prison est un état d'existence temporaire dans lequel l'âme fait réparation pour ses offenses.

Alors, quelle est cette « prison » ? Cela ne peut être le Paradis, puisque l'accès au Ciel implique que tous les péchés passés soient pardonnés et satisfaits (cfr. devoir de réparation ou satisfaction). Cela ne peut pas être l'Enfer, parce que la peine de l'Enfer est éternelle - il n'y a pas moyen d'en sortir. Il semble que la seule option raisonnable soit le purgatoire (ndt: appelée aussi peine du dam).

L'un des premiers écrivains chrétiens, Tertullien, croyait la même chose :

En un mot, puisque par ce cachot que nous montre l'Evangile, nous entendons les enfers (l'Hadès ou le Shéol, à distinguer de l'Enfer, ndt), puisque « par cette dette, qu'il faut acquitter jusqu'à la dernière obole, » nous comprenons qu'il est nécessaire de se purifier dans ces lieux même des fautes les plus légères, dans l'intervalle de la résurrection, personne ne doutera que l'âme ne reçoive déjà quelque rétribution dans les enfers, sans préjudice de la plénitude de la résurrection, où elle sera récompensée aussi dans sa chair.

Traité sur l'âme, chapitre LVIII

Un environnement maccabéen

Le fait que ce texte fasse référence au purgatoire est encore plus convaincant quand on considère l'environnement théologique juif dans lequel Jésus a donné ces enseignements. Il est évident en lisant 2 Maccabées 12: 38-45 que les Juifs croyaient en un état d'existence après la mort qui ne soit ni le Paradis ni l'Enfer, un endroit dans lequel l'âme pouvait être pardonnée des péchés.

Ils trouvèrent sous la tunique de chacun des morts des objets consacrés aux idoles de Jamnia, ce que la Loi interdit aux Juifs. Il fut évident pour tous que c'est pour cette raison qu'ils avaient succombé.

Puis, ils se répandirent en supplications pour demander que le péché commis soit entièrement effacé...

Il organisa une collecte auprès de chacun et envoya deux mille pièces d'argent à Jérusalem afin d'offrir un sacrifice pour le péché [de ceux qui avaient succombé]. C'était un fort beau geste, plein de délicatesse, inspiré par la pensée de la résurrection.

Car, s'il n'avait pas espéré que ceux qui avaient succombé ressuscitent, la prière pour les morts était superflue et absurde.

C'était là une pensée religieuse et sainte (note : celle du purgatoire). Voilà pourquoi il fit ce sacrifice d'expiation, afin que les morts soient délivrés de leurs péchés.

2 Maccabées 12: 40-46

Que vous acceptiez ou non 2 Maccabées comme étant inspiré (ndt : les juifs le considéraient comme inspiré), cela donne une garantie historique à cette croyance juive. Et c'est cette croyance juive que le public de Jésus aura apporté à ses enseignements sur le pardon des péchés dans le monde à venir et une prison dans l'au-delà, où une âme ayant offensé Dieu ou son prochain paie sa dette.

Si Jésus ne faisait pas référence au purgatoire dans ces textes, il aurait dû donner quelques clarifications à l'intention de son auditoire juif. Tout comme un catholique penserait immédiatement au purgatoire en entendant ces enseignements pour la première fois, le public juif de Jésus aura immédiatement pensé à cet état temporaire d'existence dans lequel se trouvaient les soldats de Judas Maccabées ayant succombé.

Mais Jésus n'a apporté aucune espèce de clarification. Par conséquent, il est raisonnable de conclure que le monde ou le siècle à venir dans Matthieu 12:32 et la prison dans Matthieu 5:25-26 se réfèrent au purgatoire.

Conclusion

Contrairement à ce que pensent de nombreux protestants, l'Église Catholique n'a pas inventé le dogme du purgatoire. C'est une croyance qui nous vient de notre Seigneur lui-même telle que trouvée dans la Sainte Écriture. Par conséquent, l'Église Catholique peut dire en toute bonne foi qu'elle a été fidèle à la grande mission d'enseigner tout ce que le Seigneur a commandé.

Karlo Broussard

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