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Quand les divisions deviennent inévitables

La division est-elle toujours une mauvaise chose ?

Jésus a prié pour que tous nous « soyons un ». [1] Il semblerait donc, à première vue, que la division est une chose terrible. En effet, nous voyons tout autour de nous quels sont les fruits d'un monde fracturé, tandis que très vite les échanges civilisés se désagrègent, que le racisme réapparaît et que les individus et les nations se polarisent de plus en plus face à de nouvelles menaces de violence. Il y a un esprit de révolution dans l'air, un esprit de révolte. Celui-ci se présente comme un esprit bon, tolérant et juste, mais en réalité, c'est l'esprit de l'Antéchrist parce qu'il rejette la vérité (et Jésus a dit : « Je suis la vérité »). Cet esprit vise à renverser tout l'ordre politique et religieux. C'est précisément ce qui avait été annoncé par Pie IX, et que nous voyons aujourd'hui tout autour de nous...

... Cette détestable machination [a] pour but de pousser les peuples, agités par tout vent de perverses doctrines, à renverser l'ensemble de la société humaine, et de les livrer aux théories criminelles du Socialisme et du Communisme...

— POPE PIE IX, Nostis et Nobiscum, Encyclique, n° 18 décembre 1849

Par exemple, [en septembre 2018], l'actrice Ann Hathaway s'attaqua au « mythe » selon lequel nous sommes créés hommes ou femmes, ajoutant :

J'apprécie cette communauté [LGBT] parce qu'ensemble, nous n'allons pas simplement remettre en question ce mythe, nous allons le détruire. Démolissons ce monde et bâtissons-en un meilleur.

— Discours au National Equality Award lors du dîner national de la Human Rights Campaign, lesinrocks.com, 16 septembre 2018

Si cela vous semble intolérant, c'est parce que ça l'est. Un tel discours a pour but de diviser la société.

Une nouvelle intolérance se répand, c'est tout à fait manifeste... on fait d'une religion négative et abstraite une [norme] tyrannique [à laquelle] chacun doit se plier. On prend ça pour la liberté uniquement parce que c'est une libération de toutes les valeurs qui existaient jusqu'à présent.

— PAPE BENOÎT XVI, Lumière du monde, conversation avec Peter Seewald, p.77-78 (bayard)

Quel est ce monde "meilleur" qu'Ann Hathaway veut bâtir ? Cela importe peu, à vrai dire, car si la vérité peut être redéfinie du jour au lendemain, le monde qu'Ann Hathaway choisirait de créer aujourd'hui pourrait très bien être détruit par quelqu'un d'autre demain ; par quelqu'un disposant de plus de pouvoir, d'argent ou d'influence. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui est essentiellement une course entre nations et idéologies visant à renverser l'ordre actuel et à le reconstruire à notre propre image. Et ainsi, nous devenons très vite une société tordue, fracturée et divisée, comme l'a averti le Pape Benoît XVI, si l'avenir n'est plus bâti sur un consensus fondé sur des absolus moraux.

Résister à cette éclipse de la raison et préserver sa capacité à voir l'essentiel, à voir Dieu et l'homme, ce qui est bon, et ce qui est vrai, est l'intérêt commun qui doit unir tous les hommes de bonne volonté. L'avenir du monde est en jeu.

— PAPE BENOÎT XVI, Discours à la Curie romaine, le 20 décembre 2010 ; cf. Vatican.va

Ceux qui s'opposent à Jésus-Christ le savent. Ordo ab chaos : "L'ordre par le chaos". Telle est la devise de la franc-maçonnerie, cette secte secrète vis-à-vis de laquelle nos papes nous mettent en garde depuis plus d'un siècle.

Pourtant, la division n'est pas en soi une mauvaise chose ; en fait, elle est parfois nécessaire. Comme le disait saint Paul [aux Corinthiens] :

Tout d'abord, quand vous vous réunissez en Église, j'entends dire que, parmi vous, il existe des divisions, et je crois que c'est assez vrai, car il faut bien qu'il y ait parmi vous des groupes qui s'opposent, afin qu'on reconnaisse ceux d'entre vous qui ont une valeur éprouvée.

1 Co 11: 18-19

Depuis le début du pontificat de François, une grande mise à l'épreuve a commencé pour que se manifestent ceux qui sont fidèles au Christ et ceux qui ne le sont pas. Faisant écho aux lettres aux sept églises du livre de l'Apocalypse, le Pape François exposa lors du dernier Synode les tentations auxquelles sont confrontés aujourd'hui aussi bien les catholiques « conservateurs » que « progressistes » (lire Les Cinq Corrections). Concrètement, nous assistons à la séparation entre le bon grain (le blé) et l'ivraie — entre ceux qui sont de vrais bergers et ceux qui ne sont que des loups voraces habillés de peau de brebis ; entre ceux qui proclament l'authentique miséricorde du Christ et ceux qui promeuvent une sorte d'anti-miséricorde... entre ceux qui sont disciples de Jésus et ceux qui ne suivent que leur propre égo.

En effet, tout en priant pour que « tous nous soyons un », Jésus savait également que chaque homme, femme et enfant a reçu la capacité de poser des actes libres. Il nous revient ainsi de choisir, soit de vivre dans l'impiété, soit de redevenir « l'image de Dieu », à la ressemblance de Qui le Seigneur nous a créés. Et ainsi, Jésus nous fait cet aveu éclairant :

Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère.

Luc 12: 51-53

Les Écritures nous disent qu'à un certain moment de l'histoire, un temps de "moisson" arrivera. Lorsque Dieu séparera l'ivraie du bon grain. Lorsque les hommes s'uniront pour tenter de renverser le trône du Christ et ériger à Sa place leur propre égo. Saint Paul avait prévenu de cette "apostasie" future, cette époque de grande impiété :

Ne laissez personne vous égarer d'aucune manière. Car il faut que vienne d'abord l'apostasie, et que se révèle l'Homme de l'impiété, le fils de perdition, celui qui s'oppose, et qui s'élève contre tout ce que l'on nomme Dieu ou que l'on vénère, et qui va jusqu'à siéger dans le temple de Dieu en se faisant passer lui-même pour Dieu.

2 Thess 2: 3-4

Cet Antéchrist, tel que la Sainte Tradition a nommé cet « Homme de l'impiété », est en définitive le fléau qui sera utilisé par permission divine, à la fin de cet âge, contre tous ceux qui rejettent la vérité. Il sera un instrument de division qui, selon le Catéchisme, offrira au monde « une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l'apostasie de la vérité. » [2]

La venue de l'Impie, elle, se fera par la force de Satan avec une grande puissance, des signes et des prodiges trompeurs, avec toute la séduction du mal, pour ceux qui se perdent du fait qu'ils n'ont pas accueilli l'amour de la vérité, ce qui les aurait sauvés. C'est pourquoi Dieu leur envoie une force d'égarement qui les fait croire au mensonge ; ainsi seront jugés tous ceux qui n'ont pas cru à la vérité, mais qui se sont complus dans le mal.

2 Th 2: 9-12

Où nous situons-nous à présent dans un sens eschatologique ? Il est possible que nous soyons au milieu de la rébellion [apostasie] et qu'en fait une puissance d'égarement ait frappé beaucoup, beaucoup de gens. C'est cette puissance d'égarement et cette rébellion qui préfigurent ce qui va se passer ensuite : « et se révélera l'Homme de l'impiété, le fils de perdition ».

— Mgr Charles Pope, « Sont-ils les signes avant-coureurs d'un jugement imminent ? » , 11 novembre 2014

À mesure que s'intensifie cette Puissante Tempête qui frappe notre monde, s'accroîtront également les divisions. Celles-ci sont nécessaires pour purifier et préparer le monde pour [l'ère de paix] qui suivra. « Veillez et priez », frères et soeurs, afin que Notre Seigneur vous trouve du bon côté...

Mark Mallett
When Division Must Come


[1] cf. évangile du 6 juin 2019, Jn 17: 21
[2] Catéchisme de l'Eglise catholique, n° 675