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Aimer Jésus

Franchement, je me sens indigne d'écrire sur ce sujet, aimant moi-même si pauvrement le Seigneur. Chaque jour je me décide à l'aimer vraiment, mais quand je prends le temps de faire un sérieux examen de conscience, je constate que je me suis aimé davantage moi-même. Et je prends alors à mon compte les paroles de Saint Paul :

Ma façon d'agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas ; mais ce que je déteste, c'est cela que je fais... Car je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas... Malheureux homme que je suis ! Qui donc me délivrera de ce corps qui m'entraîne à la mort ?

Rm 7: 15-19, 24

Paul répond :

Mais grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur !

Rm 7: 25

En effet, les Écritures disent que « si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu'à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. » [1] Le Sacrement de réconciliation devient le pont que nous traversons pour retourner dans les bras de Jésus, dans les bras de notre Père. Mais ensuite, à peine quelques heures plus tard, ne déplorons-nous pas notre rechute ? Un moment d'impatience, une parole brusque, un regard de convoitise, un acte égoïste, ... Et nous voilà affligés. "Une fois encore, j'ai échoué à t'aimer, Seigneur, 'de tout mon coeur, de toute mon âme, de toute ma force, de tout mon esprit et de toute mon intelligence'." Et c'est alors que "l'accusateur" survient, Satan, notre ennemi infernal, et il nous maudit et nous maudit et nous maudit. Et je suis tenté de le croire, parce que si je me regarde dans le miroir, la réalité témoigne contre moi. Je suis coupable — et qui plus est si facilement. "Non, je ne t'ai pas aimé comme je le devrais Seigneur. Car toi-même a dit : 'Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements.' [2] Malheureux homme que je suis ! Qui donc me délivrera de ce corps qui m'entraîne à la mort ?"

Et le cercle continue. Mais ensuite ?

La réponse est la suivante : vous et moi aimons Jésus toutes les fois où nous recommençons... encore, et encore et encore. Si le Christ vous pardonne "soixante-dix fois sept fois", c'est parce que vous, de votre plein gré, êtes revenus à Lui "soixante-dix fois sept fois"... ce sont autant de petits actes d'amour qui, par centaines, disent et redisent à Dieu : "Me revoici, Seigneur, parce que je veux t'aimer, malgré moi... Oui Seigneur, tu sais bien que je t'aime."

L'Amour de Dieu est constant

Dieu n'a-t-il pas prouvé son amour inconditionnel pour nous dans ce passage des Écritures : « le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs » ? [3] Ainsi, ce n'est pas une question de savoir s'Il nous aime toujours ou non, mais si nous nous l'aimons. "Mais, chaque jour, j'échoue lamentablement, et parfois plusieurs fois par jour ! Je ne dois pas réellement l'aimer ! » Est-ce vrai ?

Dieu sait que chaque être humain, par suite de la blessure causée par le péché originel, porte dans sa chair une inclination au mal et au péché appelée concupiscence. Saint Paul l'appelle « la loi du péché présente dans mon corps, » [4] une forte attraction vers les passions charnelles, vers les plaisirs mondains et sensuels. Sachez cependant qu'aussi intenses que soient ces inclinations, elles ne signifient pas que vous aimez moins le Seigneur. La tentation, aussi violente soit-elle, n'est pas un péché. La première chose à faire est donc de dire : « D'accord, je ressens un profond désir de cogner cette personne... ou de consulter des sites pornographiques... ou de noyer mes souffrances dans l'alcool... » ou quelqu'autre tentation que cela puisse être. Mais ces passions ne sont pas, en elles-mêmes, des péchés. Seulement quand nous y cédons.

Mais, et si nous y cédons ?

Soyons bien clairs. Par certains péchés, nous nous fermons à l'amour de Dieu, totalement et entièrement. Le péché "mortel" ou "grave" est, en fait, un rejet total de l'amour de Dieu pour nous, de sorte que nous nous coupons entièrement de Sa grâce. « Ceux qui commettent de telles actions », nous enseigne Saint Paul, « ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. » [5] Donc, si vous êtes concerné par de tels péchés, il vous faut faire plus que de vous en confesser, ce qui est un début ; vous devez faire tout ce qui est en votre pouvoir pour déraciner et abandonner complètement ces péchés, même si cela implique d'entreprendre une cure de désintoxication, de consulter un conseiller conjugal ou de rompre certaines relations.

Une amitié intacte

Mais qu'en est-il du péché qui n'est pas grave, ou de ce qu'on appelle le péché "véniel" ? Saint Thomas d'Aquin a souligné que la grâce divine est nécessaire pour guérir notre nature blessée, et elle le fait au niveau de "l'âme", qui est le siège de notre volonté. Comme le disait Saint Paul : « Transformez-vous en renouvelant votre façon de penser [c'est-à-dire en purifiant votre âme] » [6] Cependant, l'appétit charnel...

... n'est pas encore totalement guéri ; d'où ce passage de l'épître aux Romains (7: 25) où l'Apôtre parle de l'homme restauré par la grâce : "Dans mon esprit je sers la loi de Dieu ; dans ma chair, je suis asservi à la loi du péché." Certes, dans cet état, l'homme peut éviter le péché mortel... mais il ne peut éviter tout péché véniel, à cause de la corruption de ses appétits charnels.

—St Thomas d'Aquin, Summa theologiae, I-II, q. 109, a. 8

Alors, comment nous est-il possible d'aimer Dieu si nous retombons sans arrêt dans nos vieilles habitudes et si nous trébuchons à cause de nos faiblesses ? Le Catéchisme enseigne que...

Le péché véniel délibéré et resté sans repentance nous dispose peu à peu à commettre le péché mortel. Cependant le péché véniel ne rompt pas l'Alliance avec Dieu. Il est humainement réparable avec la grâce de Dieu. " Il ne prive pas de la grâce sanctifiante ou déifiante et de la charité, ni par suite, de la béatitude éternelle.

—Catéchisme de l'Église catholique, n° 1863

Est-ce juste moi, ou cet enseignement ne vous redonne-t-il pas le sourire ? Jésus a-t-il abandonné Ses apôtres toutes les fois où ils se sont comportés de façon "très charnelle", se chamaillant ou témoignant de leur manque de foi ? Bien au contraire :

Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis...

Jean 15: 15

Notre amitié avec Jésus réside dans le fait que nous « savons » ce qu'Il veut pour nous, nous savons en quoi consiste Son plan pour nous et pour le monde, et nous pouvons dès lors faire partie de ce plan. Ainsi, notre amitié avec le Christ consiste effectivement à faire ce qu'Il nous commande : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » [7] Mais si nous tombons dans le péché véniel, Il nous commande également ceci :

Confessez donc vos péchés les uns aux autres... (Jacques 5: 16)

... [Car Lui] qui est fidèle et juste va jusqu'à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. (1 Jean 1: 9)

Un mot de conclusion au sujet de la tentation

Enfin, ne prouvez-vous pas votre amour pour Dieu précisément toutes ces fois où vous êtes tenté impitoyablement... et que cependant, vous tenez bon ? Dans ces moments d'épreuve, j'ai appris à changer ma façon de penser, à ne plus dire : "Je ne dois pas pécher !" mais "Jésus, laisse-moi te prouver mon amour pour Toi !" Quelle différence cela fait de changer de cadre de référence, en choisissant celui de l'amour ! En effet, Dieu permet ces épreuves précisément pour nous permettre de Lui prouver notre amour tout en affermissant et en purifiant dans le même temps notre caractère.

La concupiscence, ou l'inclination au péché, demeure dans les personnes baptisées et leur sert d'épreuve ; elle ne peut nuire à ceux qui ne donnent pas leur consentement, mais qui résistent avec courage par la grâce de Jésus-Christ.

—Concile de Trente, De peccato originali, Cinquième session, canon 5

Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d'épreuves. Vous le savez, une telle vérification de votre foi produit l'endurance, et l'endurance doit s'accompagner d'une action parfaite, pour que vous soyez parfaits et intègres, sans que rien ne vous manque... Heureux l'homme qui supporte l'épreuve avec persévérance, car, sa valeur une fois vérifiée, il recevra la couronne de la vie promise à ceux qui aiment Dieu.

Jacques 1: 2, 12

Dieu vous aime et Il sait que vous l'aimez. Non pas parce que vous êtes parfait, mais parce que vous désirez l'être.

Mark Mallett
Loving Jesus


[1] 1 Jean 1: 9
[2] Jean 14: 15
[3] Rm 5: 8
[4] Rm 7: 23
[5] Gal 5: 21
[6] Rm 12: 2
[7] Jn 15: 14