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Leurs récriminations dans le désert ont beaucoup à nous apprendre (Leçon n°1)

Aujourd'hui, au cours de la dernière semaine de Carême, avant la Semaine Sainte, nous ferions bien de méditer sur les récriminations des anciens peuples hébreux dans le désert, car leurs grognements sont souvent aussi les nôtres. Nous lisions ces passages de l'Ecriture dans les textes liturgiques de dimanche dernier, c'est donc le désir de l'Église que nous méditions dessus. Les anciens Hébreux ont récriminé de plusieurs façons, et il nous faudra plusieurs jours pour examiner celles-ci. Nous devrions commencer par remarquer que la peur et le manque de confiance sont au coeur de la plupart de leurs récriminations.

Par Mgr Charles Pope • 18 mars 2018 • Titre original « The Grumblings in the Wilderness Have Much to Teach Us (Lesson One) »

Leçon 1: Ils ont récriminé au beau milieu d'un Miracle

Oui, ils ont récriminé dès leur sortie d'Egypte. Tandis qu'ils regardaient avec crainte l'armée égyptienne lancée à leur poursuite, ils se sont plaints à Moïse :

« L'Égypte manquait-elle de tombeaux, pour que tu nous aies emmenés mourir dans le désert ? Quel mauvais service tu nous as rendu en nous faisant sortir d'Égypte ! C'est bien là ce que nous te disions en Égypte : “Ne t'occupe pas de nous, laisse-nous servir les Égyptiens. Il vaut mieux les servir que de mourir dans le désert !” »

Exode 14: 11-12

Rappelez-vous que Dieu leur a montré des signes et des prodiges en Égypte à travers les plaies qu'Il a infligées à leurs ravisseurs. Rappelez-vous aussi le miracle de la Pâque. Enfin, souvenez-vous du fait étonnant où Pharaon les a non seulement laissé partir, mais que les Égyptiens les ont payés pour s'en aller, leur donnant beaucoup d'or et d'argent avant leur départ (voir Ex 3:21).

Ainsi, les voici au milieu d'une libération miraculeuse et pourtant ils grognent. Les choses n'ont pas changé, mes amis. Nous aussi, nous sommes comblés de maintes bénédictions, mais nous ne cessons de récriminer à la moindre difficulté.

Leur peur et la nôtre ne sont pas sans péché, un péché enraciné dans un manque de foi confiante. Dieu a montré à maintes reprises une volonté de les sauver et une capacité à les délivrer. Effrayés, cependant, ils grognent et déchargent leur colère contre Moïse. En dépit d'innombrables bénédictions, nous aussi, nous nous plaignons souvent à la moindre contrariété ou dès que le vent nous est contraire. La peur est en grande partie à la base de cette injuste colère, et à la base de cette peur nous trouvons généralement un manque de confiance en Dieu.

Assurément, Dieu ne les a pas conduits aussi loin pour finir par les abandonner, mais cela ne les convainc pas. Si souvent nous avons peur malgré la bonté de Dieu envers nous. Nous qui sommes chrétiens, on nous dit pourtant souvent que même nos souffrances sont un don, quoique dans un étrange emballage : « Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour. » (Rm 8, 28).

Dans leurs murmures, ils déclarent qu'ils préfèrent vivre comme des esclaves plutôt que mourir comme des enfants libres de Dieu. C'est une gifle à la face de Dieu, qui leur a offert le don surprenant de la délivrance. Ils semblent rechercher davantage le soulagement qu'une véritable guérison. La guérison requiert d'avoir du cran et exige de nous un changement courageux.

Nous aussi recherchons souvent des grâces bon marché – le soulagement plutôt qu'une guérison exigeante et les responsabilités inhérentes à notre condition de libres enfants de Dieu. Face à la persécution ou au malheur, nous préférons trop facilement être esclaves d'idées et exigences terrestres plutôt que de résister librement et vaillamment, en croyant que Dieu nous délivrera, même si cela doit coûter notre confort ou notre vie.

Les martyrs et confesseurs de la foi se sont levés pour témoigner contre une telle grogne, contre la peur et le désespoir. Ils acceptèrent courageusement, et même joyeusement, de mourir pour le Christ en sachant qu'une plus grande bénédiction les attendait. Ils ont enduré des tortures indescriptibles et pourtant nous pouvons à peine supporter d'être raillés, désapprouvés ou méprisés.

Enfin, à tous ceux d'entre nous dont la confiance en Dieu faiblit même après des siècles de Ses bienfaits, à tous ceux qui récriminent contre Dieu même après toute une vie de bénédictions, le Seigneur pose cette question perçante : « Pourquoi cries-tu vers Moi ? » (Ex 14:15) Par l'intermédiaire de Moïse, Dieu nous dit : « Le Seigneur combattra pour vous, et vous, vous n'aurez rien à faire. » (Ex 14:14).

Après avoir calmé une tempête en pleine mer, Jésus posa une question identique : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N'avez-vous pas encore la foi ? » (Mc 4:40)

Quand Dieu pose une question, nous devons y répondre avec prudence et dans la prière. Saint Paul a prévenu : « Cessez de récriminer comme l'ont fait certains d'entre eux. » (1 Cor 10:10) Méditons humblement cette question : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? » Le Seigneur a un enseignement à nous donner.

« Je crois Seigneur, viens au secours de mon manque de foi ! »

Mc 9, 24

Dans la prochaine leçon, nous poursuivrons plus en avant notre réflexion sur les récriminations dans le désert.

Mgr Charles Pope