Voici la question posée à reponses-catholiques.fr :
En tant que catholique, doit-on être toujours d’accord avec le pape ? Dans Amoris Laetitia, la position du pape par rapport aux divorcés-remariés et à leur possibilité de communier est particulièrement alambiquée (je suis moi-même divorcé et sans être un saint, j’accepte l’idée de ne pas communier si je vis une nouvelle union). Qu’en pensez-vous ?
Sur des thèmes assez proches, nous recommandons au lecteur nos articles « Apprécier le Pape ? » et « Amoris laetitia et l’indissolubilité du mariage » (voir plus bas).
Dire qu’elle est alambiquée est un point de vue très personnel. Selon nous, cela reflète surtout la nécessité de relire le texte avec attention et rigueur, au besoin en s’appuyant sur les commentaires que certaines congrégations religieuses et diocèses ont publiés. D’autres pourraient voir un travail de l’intelligence de la foi, tout en nuance et discernement, évitant les assertions irréfléchies et basiques.
Sur le fond, dire que la position du Pape sur les divorcés-remariés est « leur possibilité de communier », c’est, manifestement, ne pas avoir lu le texte. Le Pape parle d’un chemin spirituel pour ces personnes et de l’accompagnement qui peut être fait pour consolider leur foi, ce n’est pas la même chose. Toutes sortes de situations peuvent en découler : approfondissement de la vie de prière et meilleure intégration dans la vie de l’Eglise mais pas forcément avec accès aux sacrements, cheminement pour demander la nullité de la première union, pourquoi pas réconciliation avec le ou la premier(e) conjoint(e) si les circonstances s’y prêtent, vie chaste (« comme frère et sœur ») avec le nouveau conjoint, en particulier pour les personnes les plus âgées etc.
Là où nous suivons l’auteur de la question, c’est qu’il est clair que certains interprètent Amoris laetitia comme un accès aux sacrements pour les divorcés-remariés. Mais ils militent souvent depuis des années en ce sens et la question est en fait : ce texte va-t-il être interprété et appliqué pastoralement de façon juste et fidèle à l’Enseignement de l’Eglise ? C’est là qu’est le vrai enjeu, et non en faisant dire au Pape ce qu’il n’a pas forcément dit. On voit déjà des interprétations radicalement différentes selon les cardinaux et les évêques.
La question soulève en creux un autre point. Il est vrai qu’Amoris laetitia parle très peu des personnes séparées canoniquement et, souvent, divorcées civilement mais non remariées. Quelle pastorale pour ces personnes, comment l’Eglise les accueille-t-elle ? A notre sens, un accueil fraternel et une pastorale d’encouragement aura des fruits très positifs pour elles, mais aussi comme témoignage pour tous ceux qui ne sont pas fidèles au sixième commandement, souvent par peur de rester seul.
Amoris Laetitia et l’indissolubilité du mariage
Amoris Laetitia remet elle en cause l’indissolubilité du mariage ?
L’exhortation apostolique Amoris laetitia (« La joie de l’amour ») ne remet absolument pas en cause la doctrine catholique sur le mariage sacramentel, en particulier son indissolubilité. L’ensemble du texte est une longue analyse et méditation sur la beauté du mariage entre un homme et une femme, signe qui reflète l’Alliance indissoluble de Dieu et de son Peuple.
Le texte prend cependant acte de difficultés parfois graves qu’ont nos contemporains dans leur vie affective, et plus particulièrement vis-à-vis du mariage. Le chapitre 8, qui a été le plus commenté et controversé, invite les pasteurs à proposer un chemin de conversion aux personnes n’étant pas mariées sacramentellement (ou « à l’Eglise ») : divorcés remariés, personnes vivant en couple non mariées, personnes homosexuelles. L’idée, correspondant bien à la spiritualité ignacienne qui a façonné le Pape François, est de prendre les gens là où ils en sont et de leur faire faire un pas vers le Seigneur, si minime soit-il. Cela avec la conviction que le travail de la grâce s’opèrera au fur et à mesure.
C’est donc un chapitre pastoral, d’accompagnement, et non doctrinal. Les évêques sont appelés à un discernement à partir de situations concrètes, et donc différenciées. Le problème qui se posera peut-être sera donc celui de l’interprétation qui sera donnée sur cet accompagnement et sur les formes qu’il prendra, non sur la doctrine proprement dite. L’enjeu est que cette interprétation soit cohérente avec l’Enseignement de l’Eglise et ne donne pas une impression de casuistique selon les opinions des pasteurs et les cultures locales. En un mot repris à St Ignace de Loyola, la mise en œuvre sera-t-elle selon « une intention droite » ?
Source : reponses-catholiques.fr